Depuis bientôt quinze ans, UkanDanz trace sa route comme une météorite libre, fonçant dans la stratosphère des musiques sans frontières, et semant derrière elle des gerbes d’électricité et de rythmes abyssins. Avec Evil Plan, leur sixième album, le groupe franco-éthiopien dévoile un nouveau plan — diabolique peut-être, mais surtout jouissif — pour secouer les hanches et les consciences. Un disque incandescent, où la voix incantatoire d’Asnake Gebreyes, griot et figure du groupe depuis ses débuts, taille dans le rock à la hache amharique.
Dès « Yene Felagote », reprise explosive d’un tube pop signé Tlahoun Gèssèssè, le ton est donné : le groove est massif, les guitares taillées dans le granit, ou plutôt dans le tuf volcanique comme les églises de Lalibela, la rythmique insaisissable. Mais c’est avec une reprise aussi improbable qu’incroyable du « War Pigs » de Black Sabbath qu’UkanDanz fait entrer Evil Plan dans la légende. Interprété en amharique, ce pamphlet contre la guerre résonne puissamment dans une Éthiopie encore fracturée par les conflits. La voix déchirante d’Asnake y remplace les envolées d’Ozzy, pendant que guitare, sax et batterie dessinent une marche funèbre transfigurée par la transe.
Entre deux secousses telluriques, le disque rend hommage aux figures majeures de la musique éthiopienne, de Muluken Melesse à Getachew Kassa, avec des relectures viscérales de morceaux comme « Hedech Alu » ou « Liwesdeshe Andiken ». Deux instrumentaux complètent cette fresque volcanique : « 4 Against the Odds » et « Song for Francis », ce dernier en hommage au défricheur Francis Falceto, père de la collection Éthiopiques.
Dans Evil Plan, la distorsion n’est jamais gratuite, elle devient langage. UkanDanz manie le bruit comme un outil de mémoire, de célébration et de révolte. Une œuvre folle, libre, où l’Éthiopie psychédélique rencontre le post-rock mutant dans un grand bal cosmique. C’est fort, bruyant, et même fort bruyant, mais surtout magnifique… pardon, diabolique !
Ukandanz – Evil Plan :
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