En relançant sa série Zanzibara, dédié aux musiques islamiques de la cote est-africaine, et plus particulièrement, bien sûr, au taarab, le label français Buda Musique nous ouvre à nouveau les portes d’un monde musical raffiné, métis, et trop souvent méconnu.
Le nouvel opus de la fameuse série, même s’il n’en reprend pas exactement tout les codes, s’intéresse à une chanteuse emblématique de la tradition islamique kenyane et du taarab, Zuhura Swaleh. Après lui avoir déjà accordé quelques titres dans la compilation Zanzibara 2, qui s’intéressait à l’âge d’or du taarab de Mombasa, entre 1965 et 1975, cette fois-ci le label réédite un disque complet de la célèbre chanteuse, enregistré à l’origine à Nairobi en 1981 : Singe Tema: Taarab Special.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est là une sacrée aventure sonore, qui nous emmène dans un horizon musical au confluent des musiques arabes, africaines, et même asiatiques, un monde où les tambours africains côtoient des harmoniums, où des poésies subtiles se colorent de touches Bollywood, où les maqams arabes dansent au rythme des traditions kenyanes ou tanzaniennes.
La particularité même de la musique de Zuhura, outre une belle maitrise du chant et de la poésie, c’est qu’elle mêle la musique taarab, c’est-à-dire donc inspiré de la musique orientale arabe, d’ailleurs quand on entend sur ce disque les montées et les emballements des percussions, cela ne fait aucun doute, aux poésies féminines de Lamu (une ville de la côte nord du Kenya où la native de Nairobi a atterri après un mariage arrangé, à l’âge de 15 ans), mais aussi aux rythmes plus enjoués et typiquement kenyans des danses de mariages, ceux du ngoma et du chakacha. Un métissage qui remportera un franc succès et qu’elle essaimera sur toute la côte est-africaine, enfantant même à Dar es-Salaam un autre genre qui deviendra célèbre dans les années 90, le mchiriku.
L’autre singularité de la musique taarab du Kenya, et de celle de Zuhura Swaleh réside dans l’usage d’un insrument bien particulier. Ici dans les mains de son colistier Mohamed Kombo, il s’agit du tashkota. De son vrai nom taishokoto, cette harpe créée au début du siècle dernier à Nagoya, au Japon, a atterrit, sans que l’on ne sache trop comment, sur la cote est-africaine, et dans la musique taarab, où elle remplace d’une certaine manière, et en y apportant sa coloration plus métallique, le qanum de la musique orientale.
Donc, pour résumer, Zuhura Swaleh est une légende du taarab, et ce disque Singe Tema : Taarab Special, réédité par Buda Musique est un beau moment de musique et de découverte !
Zuhura & Party – Singe Tema: Taarab Special :
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