Il y a des groupes qu’on croit connaître parce qu’un seul morceau a suffi à faire le tour du monde, se poser sur toutes les plages du sud de l’Europe, et finir rincé par des milliers de couchers de soleil. Pour Pili Pili, le collectif afro-européen piloté par le pianiste hollandais Jasper Van’t Hof, ce morceau, c’est évidemment « Pili Pili », cette houle musicale de quinze minutes que tout bon DJ (bon des un peu pointus quand même !) ressort dès qu’il ya besoin d’un sunset anthem, garanti sans prise de risque. Sauf que croire que Pili Pili se résume à ça, c’est comme juger un volcan sur une seule étincelle… ça ne dit rien de la lave qui bout dessous.
Et c’est là qu’intervient le label NuNorthern Soul. Les Espagnols, déjà responsables de la réédition du fameux titre l’année dernière, remettent le metier sur l’ouvrage, et surtout le nez dans les archives pour sortir Selected Works 1984 to 2002, petite anthologie affûtée des années les plus inspirées de Pili Pili. Une sorte de rappel musclé : “Vous pensiez que c’était juste un piano hollandais et une margarita en fond? Raté.”
Car Jasper Van’t Hof, avant de devenir le chef d’orchestre de ce laboratoire afro-électro-acoustique, c’était déjà un solide client. Un pianiste qui avait traîné ses doigts dans le free jazz le plus explosif, celui qui se frottait à Jean-Luc Ponty ou jouait des lives avec Archie Shepp. Un type qui savait manier aussi bien la fusion que les machines, et qui avait compris très tôt que la frontière entre l’électronique, l’acoustique et l’Afrique de l’Ouest était faite pour être piétinée.
Les Pili Pili, ce sont des rencontres, avec le musicien malien Dramane Diarra aux percussions, le saxophoniste Tony Lakatos, ou encore, et surtout une jeune chanteuse béninoise encore inconnue à l’époque… une certaine Angélique Kidjo. Oui, rien que ça.
Musicalement, Selected Works remet les pendules à l’heure. « Ile » (1984) déborde de percussions nerveuses et laisse courir des « agolo » qui deviendront une des marques de fabrique d’Angélique Kidjo, « Jakko Jakko » injecte une dose de synth-pop et de guitare électrique qu’on n’attendait pas, « My Gongoma » (1985) fait pulser un afro-jazz funky qui va taquiner les prémisse du hip-hop, « Hippo Hips » (1992) gambade comme un rhino sous MDMA, « Life Size » s’éloigne de la musique pour se rapprocher du rituel, et « Soubatcha » (2002) calme le jeu avec une basse abyssale et une ennivrante kalimba qui plane dans l’harmattan du soir.
Bref, les Pili Pili de Jasper Van’t Hof, c’est du rock eighties qui s’encanaille, du jazz qui hypnotise, un esprit de liberté, des grooves furieusement africains, et surtout l’envie, rare, de créer un son que personne n’attendait. Un son qui, quarante ans plus tard, n’a toujours pas trouvé d’équivalent.
Jasper Van’t Hof’s Pili Pili Selected Works 1984 to 2002 :
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