Il y a des morceaux qui te prennent doucement par la main, et puis il y a Undercover Beast de Langendorf United… lui, il t’attrape à la gorge et t’envoie valser contre les murs d’un club éthiojazz imaginaire, quelque part entre Stockholm, Addis et Bamako. C’est un titre qui ne demande pas la permission. Il déboule en 7/8, cogne sans prévenir, et te balance un groove sec, syncopé, presque nerveux, qui fait plus de dégâts qu’une batterie de punk déchaînée.
Derrière la bête : Lina Langendorf, saxophoniste enragée, formée dans les rues d’Addis et de Bamako, et même adoubée par Toumani Diabaté himself. Son souffle est chaud, épais, parfois rauque, toujours tendu — comme un cri retenu trop longtemps. Il plane au-dessus du remous, survole les terres brûlées du jazz modal, avec des motifs millimétrés qui s’enroulent dans les interstices du beat.
Autour d’elle, un gang d’élite. À la basse, Ole Morten Vågan érige des remparts de gravité ; aux drums, Andreas Werliin cisèle des fractures rythmiques comme un orfèvre anarchiste ; et sur les claviers, Daniel Bingert et Martin Hederos font mijoter des nappes moites, des vapeurs psychédéliques qui transforment chaque accord en sortilège. Et au final, la bête c’est un jazz qui fait headbanguer, un groove qui fait pogotter, un sacrilège magnifique.
« Undercover Beast », c’est ce monstre tapi dans les coins du dancefloor, ce groove hybride qui ne choisit pas entre l’église et le cabaret, entre la transe et la fête. C’est une offrande à la mémoire du batteur Teferi Assefa, mentor d’Addis Abeba, disparu trop tôt, et à toutes les nuits où l’improvisation devient incantation. Bref, c’est du jazz, oui. Mais du jazz qui cogne. Qui claque. Qui fout les chaises en l’air et les corps en transe. Et là on en parle que du premier extrait d’un album du même nom du Langendorf United, qui devrait voir le jour en septembre prochain chez sing a song fighter, mais on aura le temps d’en reparler !
Langendort United « Undercover Beast » :
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