Le trio libanais Postcards s’est enfermé dans la maison familiale du batteur Pascal Semerdjian, perchée dans les montagnes libanaises, pour y enregistrer, en grande partie dans les conditions du live, leur cinquième album, Ripe, qui sortira ce 28 mars chez Ruptured Records.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une énergie brute et fiévreuse se dégage de cet album, capté alors que le Liban et la sous-région traversent une crise sans précédent. Le génocide à Gaza, l’attaque d’Israël au Sud-Liban, une crise économique qui étrangle le pays, les mutations profondes qui bouleversent la Syrie… Dans ce chaos, Postcards amorce un virage plus sombre, plus viscéral.
Jusqu’ici, on connaissait le groupe pour son mélange envoûtant de dreampop et de shoegaze, porté par la voix aérienne de Julia Sabra flottant parmi des nappes de synthés. Mais avec Ripe, les guitares prennent d’assaut l’espace avec rage. Le son du trio se fait plus affûté, plus tranchant. La batterie cavale, la basse de Marwan Tohme vrombit, et de ce tumulte naît un refrain qui hante la première chanson du disque, « I Stand Corrected », et qui résonne comme un mantra à travers l’album : « Destroy, rebuild, you know the drill ».
Et au milieu de cette colère, sur laquelle le désespoir semble parfois étendre son ombre, une résistance s’organise. Une résistance féroce, irréductible, portée par la musique elle-même. Ripe est traversé par cette tension entre rage et résilience, une lutte constante entre effondrement et reconstruction. Postcards s’y dévoile plus brut, plus vulnérable, mais aussi plus déterminé que jamais.
Postcards – « Dust Bunnies » :
Postcards – Ripe :
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