On retrouve, avec plaisir bien sûr, le dorénavant célèbre quintet de jazz français Monsieur Mâlâ, une chimère jazzy dont chacune des têtes est un de ces musiciens, souvent anonymes, qui font la musique pour d’autre, Mayra Andrade, Ibrahim Maalouf, ou encore Chassol, mais qui en ont eu un peu marre de l’ombre des studios, et des mauvais éclairages de fonds de scènes. Mais ne nous étendons pas sur la genèse de ce projet qui met sur le devant de la scène ceux qui étaient coincés derrière, et parlons de leur dernier titre « Lunitudine »… qui parle justement d’être coincé !
Derrière ce titre emprunté à un italien lunaire, le groupe, le Monsieur, déploie comme à son habitude un jazz à la fois facile d’accès, mais aussi alambiqué, et dont quelques écoutes ne suffisent sûrement pas à révéler tous ses secrets. Un jazz pluriel et technique, qui tient beaucoup au jeu rythmique de Swaéli Mbappé à la basse, et Mathieu Edwards à la batterie, mais aussi à l’exploration d’une dualité à la fois contraire et complémentaire, et dont on ne peut s’extirper, qui se manifeste aussi bien dans les phrasées du piano de Nicholas Vella, que dans les envolées du violon de Robin Antunes, ou des cuivres et des flûtes de Balthazar Naturel.
Voilà une thématique qui aurait bien plu à Zōu Yǎn ! D’ailleurs est-ce un hasard que, comme les cinq éléments du penseur chinois, les musiciens soient ici au nombre de cinq ? …Oui sans aucun doute, pur hasard ! Mais ce « Lunitudine » n’en reste pas moins un très bon titre de jazz, qui fait réfléchir et s’évader. Et, avis aux amateurs, Monsieur Mâlâ est en train de planifier la sortie d’un autre nouveau titre qui s’annonce déjà baroque, « “Cor Anglais in E minor (op. 3)”… alors, restez connecté !
Monsieur Mâlâ – “Lunitudine” :
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