L’instant Vinyl : 78. “Afro Jazz du Mali ” avec le Super Biton de Ségou

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyle », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques de notre collection. Et pour ce soixante-dix huitième opus, nous quittons Haïti (cf. l’instant vinyle n° 77), pour nous rendre au Mali, et y découvrir le disque Afro Jazz du Mali du Super Biton de Ségou.

Dans sa frénétique volonté de déconstruire l’héritage socialiste de l’indépendance, le dictateur malien Moussa Traoré, qui régna avec violence et autorité de 68 à 91, a pourtant épargné, en tout cas en partie, la scène musicale malienne. Il a ainsi conservé l’organisation des musiciens en puissants orchestres régionaux et nationaux, et certains, comme à l’instar de leurs voisins guinéens, ont pu bénéficier du statut de fonctionnaires. Alors peut-être doit on voir dans cette démarche une volonté de se façonner des chantres de son pouvoir, mais quoi qu’il en soit cela a permis à des musiciens de talent de continuer à exercer leurs arts, et à préserver le riche patrimoine musical malien.

Le groupe dont nous allons vous parler aujourd’hui, le Super Biton de Ségou, s’inscrit pleinement dans ce cadre. À l’origine simple Orchestre Régional de Ségou, le groupe a rapidement dépassé les limites de son cercle (puisqu’au Mali le découpage territorial se fait en cercles) en s’illustrant d’abord dans Les Semaines de la Jeunesse, entre 64 et 68, puis en remportant plusieurs Biennales Culturelles dans les années 70. Le succès, puis le passage du statut d’orchestre régional à celui d’orchestre national lui vaudront plusieurs transformations, passant du simple Orchestre Regional de Ségou, à Orchestre Regional Biton, puis Super Biton de Ségou, ou encore Super Biton National.

Si les patrimoines bambara, bobo, et dozo, de la région de Ségou sont au cœur de sa musique, et même sa principale raison d’être, Le Super Biton de Ségou n’en a pas moins modernisé grandement les épopées parfois centenaires, et autres chansons de chasseurs. Entre funk mandingue, et afro jazz, le groupe a réussi à insuffler une énergie considérable à ses créations.

L’âge d’or du Super Biton durera deux décennies, comme le règne de Moussa Traoré, et commencera à s’essouffler à la fin des années 80, avant de marquer un coup d’arrêt au début des années 90, lorsque Traoré fut renversé, et que le nouveau pouvoir arrêta de financer les orchestres du Mali. Le groupe connaitra un retour en grâce durant les années 2000 avec l’avènement du Festival sur Le Fleuve à Ségou.

Le disque que nous avons choisi pour illustrer la carrière de ce groupe mythique du Mali, c’est Afro Jazz du Mali, un disque paru à la fin des années 80, en 1986 pour être précis, sur le label Bolibana Productions. On retrouve tout du long des six titres qui le compose, le son envoutant du Super Biton, avec ses envolé lyriques, celles de Mamadou Doumbia, d’Aboubacar Kissa, et de Toussaint Siane, et ponctué par les cuivres de Mamadou Diarra et Amadou Bâ.

 

Super Biton de Ségou – Afro Jazz du Mali :

Tracklist :
1. Dongari
2. Bua – baro
3. Tcha – Tcho
4. Recoma
5. Bara Musso
6. Niénema miné

Line-Up :

Amadou Bâ : Leadeur, trompette
Aboubacar Kissa : Chant, animation
Mamadou Doumbia : Chant, Tam-tam
Toussaint Siane : Chant, Tam-tam
Mamadou Guindo : Guitare
Mamadou Sissoko : Guitare
Modibo Diarra : Synthétiseur
Mamadou Diarra : Saxophone (alto, soprano)
Gagny Diawara : Trompette
Dramane Ouattara : Basse
Zoumana Diarra : Batteries, Djembe
Moussa Ouattara : Percussions

 

Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur « Afro Jazz du Mali » du Super Biton de Ségou, notre instant vinyle de la semaine, n’hésitez pas à visiter notre page facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».

 

2 Comments

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.