Quelle douceur entêtante que de surfer sur les montagnes de beats érigées par la productrice et DJ jamaïcaine qui a décidé de ne plus se contenter de quelques vieux riddims reggae ripés et recyclés dans un nuage de reverb et de montée d’alarmes en crescendo… un peu trop cliché là ? Alors, on recommence, quel plaisir libertaire et hypnotique que de plonger dans le remous des basses de la très polyvalente artiste jamaïcaine qui fait de la techno, Tygapaw, et son premier album en solo, le très, le très très bon Get Free !
Et si la sortie sur les riddims reggae un peu plus haut était un petit peu clichée — bah oui c’est pas puisque vous êtes né, et avait grandi à Mandeville en Jamaïque, que vous ne pouvez pas devenir une icône transgressive de Brooklyn — il faut tout de même avouer que Tygapaw a commencé à se faire un nom avec des soirées dancehall et dembow pour la communauté queer caribéenne de New York. Ah… oui, il faut aussi dire que Tygapaw ne fait pas que libérer des beats, sans mauvais jeu de mots, il libère aussi les frontières physiques des corps et du genre !
Oui c’est çà ! La liberté ! C’est ce qui dégouline de ce bien nommé premier album ! Ballotté par la redoutable production du disque, par les synthés bouillonnants, le roulis d’un beat qui avale tout, on se laisse aspirer dans un ailleurs, ou plutôt un avant. Cet avant un peu fantasmé et donc forcement plus libre qu’aujourd’hui, cet avant des débuts de la musique techno, formidable appel d’air du souffle d’une enceinte surdimensionné pour un club trop petit, pieds dans la boue à l’orée d’une forêt, où l’aube nous surprend encore en train de danser. Oui s’il y a deux mots pour qualifier ce Get Free de Tygapaw ce serait sans hésiter liberté, liberté du son, liberté du genre et des corps, et abandon, car n’est-ce pas là un peu l’essence même de la musique techno !
Tygapaw – Get Free :
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