frank dean and andrew, le troisième OVNI sonore d’Ebi Soda

C’est dans un vieux corps de ferme isolé — et sûrement hanté — que les mutants du jazz Ebi Soda ont capturé leur troisième ovni sonore : frank dean and andrew. Un titre étrange comme un tag griffonné sur un mur de HLM, clin d’œil aux silhouettes anonymes croisées dans les couloirs d’une ville fantôme, et prolongement parfait de leur esthétique : bricolée, urbaine, profondément humaine. Ici, le jazz se cogne au punk, tangue sous l’effet des basses dub et des textures électroniques, et finit par imploser dans un maelström de bruits, de silences et de beauté distordue.

Ebi Soda, c’est un groupe qui préfère l’instinct à la partition. Leur manière de composer ressemble à une séance de spiritisme post-rave : on invoque Burial, Playboi Carti, ou Sun Ra, puis on laisse la machine tourner. Résultat : frank dean and andrew est un album de tension pure, un disque qui s’écoute comme on observe un immeuble prendre feu depuis un banc mouillé.

On y croise le rappeur Jianbo sur « red in tokyo », décharge de grime post-apocalyptique bardée de riffs menaçants, où la basse se plie en koto halluciné. On plonge dans « horticulturalists nightmare (birds) », moment d’angoisse rampante entre jazz démembré et cris d’animaux paniqués. On flotte dans « grilly », sorte de mirage drill aux relents de dancehall malade. Même les moments de répit — comme « toucan » ou « location » — dégagent une mélancolie sourde, comme si l’album charriait les restes d’un monde qui a mal tourné.

Et puis il y a ce final, « insectoid creatures are infesting the land », épopée bruitiste qui finit par accoucher d’un espoir bancal, mais tenace. Comme toujours chez Ebi Soda, le chaos n’est pas une fin, mais une voie. Une manière de désapprendre le jazz pour mieux le ressentir. Une façon de dire que même au bord du gouffre, il reste des sons à inventer.

Ebi Soda – frank dean and andrew :

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