Avec ses –230°C en surface, ses 5 lunes, son orbite excentrique de 248 ans, et ses 2 377 km de diamètre, Pluton a longtemps fasciné l’humanité… avant d’être rabaissée au rang de planète naine en 2006 par une bande de scientifiques tatillons. Mais ce n’est pas l’astronomie que le quintet Ebi Soda scrute à la lunette dans « when pluto was a planet and everything was cool ». C’est cette époque floue où les choses semblaient simples, suspendues… où le monde tournait un peu moins vite, et la musique avait encore le droit de flotter dans l’espace.
Et du flottement, il y en a. Ce single, qui annonce leur prochain album au nom aussi cryptique que prometteur – frank dean and andrew, prévu pour septembre – nous embarque dans un trip jazz aérien, spatial, mais pas éthéré. Une sorte de fusion entre un écho de film noir, un orage de synthés en sourdine, et une trompette qui s’égare dans une faille dimensionnelle. Les beats claquent comme une fin d’été, les delays se déploient en spirales, et le groove n’a rien de solaire : il est dense, souterrain, presque inquiétant. Comme l’atmosphère de Pluton, en fait – si on imagine qu’elle puisse en avoir une.
Le titre, totalement absurde et signé Hari-lee Evans, colle pourtant comme un gant à l’ambiance du morceau. Rien de logique, tout est ressenti. On navigue entre free jazz mutant, clins d’œil cinématographiques, et jazz-hop désaxé. Mention spéciale à la batterie de Sam qui défonce la structure à coups de pulsations acides, pendant que la trompette de Dan Gray flirte avec l’apocalypse.
Enregistré à la ferme (littéralement), nourri de jams sans règles, « when pluto was a planet and everything was cool » confirme une chose : Ebi Soda n’a pas besoin de constellations pour briller. Ils sont déjà leur propre système solaire. À écouter la tête dans les étoiles et les pieds bien ancrés dans un chaos doux.
Ebi Soda « when pluto was a planet and everything was cool » :
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