Et pendant ce temps dans le reste du monde #280

Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !

Florian Hope « Better Days » // Suède

Avec “Better Days”, Florian Hope signe ce moment suspendu où l’été refuse de rendre les armes. Les synthés lorgnent du côté des années 70–80, les couleurs sont chaudes, presque trop belles pour être honnêtes, et la voix plane comme dans un film qu’on n’a pas envie de voir se terminer. Sous le vernis dance-pop ultra-efficace et ce drop calibré pour faire lever les bras, il y a autre chose. Une nostalgie lucide, le désir de retrouver une version de soi plus légère, moins cabossée par le temps qui passe. Ça marche sur le dancefloor à toute heure, ça marche aussi avec un verre qui transpire sur une table en terrasse, en résistant à l’hiver qui vient, et en espérant de « Better Days ».

Countermarch « On Tilt » // Danemark

Avec « On Tilt », Countermarch ne cherche pas à séduire, mais à dérégler. Premier coup de feu d’un album qui s’annonce aussi inconfortable que fascinant, Skin of Perception qui devrait arriver en fevrier, le duo de Copenhague assemble ambient tempétueux, horror-hip-hop, country gothique et samples râpeux comme on empile des couches de garnitures sur un smørrebrød. Tout grince, tout flotte, la voix va taquiner celles des crooners, pendant que les rythmes avancent droit, presque obtus, fidèles à leur dogme, laisser l’erreur respirer plutôt que la corriger. « On Tilt », c’est ce point d’équilibre instable entre l’humain et la technologie, entre l’accès immédiat et la distorsion volontaire. Un morceau qui évoque un film de Lynch réduit à sa poésie la plus sèche, anxiogène et magnétique à la fois, où chaque imperfection devient un choix esthétique et chaque fragment samplé un souvenir déjà en train de se désintégrer.

Aukai Chambers // Allemagne

Avec Chambers, Aukai coupe le superflu et laisse parler les murs. Markus Sieber s’enferme dans la Saal 3 du Funkhaus de Berlin, et transforme ce studio mythique en caisse de résonance intime, presque respirante. Pas d’orchestre, pas d’esbroufe. Tout est joué par lui, à la main, entre guitare et charango andin, comme si chaque note devait mériter sa place. Le disque avance à pas feutrés, chaleureux sans être sirupeux, méditatif sans sombrer dans le décoratif new age. Chambers sonne comme une suite de chambres mentales où les contraintes deviennent un moteur plutôt qu’un frein. Une musique qui n’essaie pas de vous transporter ailleurs, mais qui réapprend à écouter l’espace, le silence, et ce qui vibre encore quand tout le reste s’est tu.

KinAhau & Cole Terrazas « Los Angeles Freestyle » // Mexique

Avec « Los Angeles Freestyle », KinAhau et Cole Terrazas font de la minimal house comme on jette une allumette dans un club déjà saturé d’électricité. Rien de poli ici, le morceau avance en cercles serrés, nappé de voix fantômes, de synthés acides et visqueux et de boucles de batterie qui collent au crâne. Le genre de morceau qui vous emmènent jusqu’au bout de la nuit, en faisant transpirer la machine autant que l’humain. Publié chez Factory 93, le titre évite la pose underground pour mieux viser l’hypnose pure, sombre, psyché, efficace et indocile. Une track pensée pour faire perdre la notion du temps, pas pour flatter l’ego du DJ.

LOLA « Moon Song (Live) » // Allemagne

Oh que les choses sont bien faites ! Le groupe allemand LOLA laisse courir guitare froide et batterie de précision sur un “Moon Song” qui joue avec les divisions du passé et convoque, d’une voix aérienne, la Lune — en tout cas sa chanson. Enregistré live, le morceau respire sans filtre, quelque part entre l’ombre tutélaire du Velvet Underground et cette nervosité bancale héritée du no wave. Ça sonne fragile mais jamais mou, poétique sans poser, avec ce charme étrange des titres qui semblent exhumés d’une autre époque tout en restant furieusement présents. “Moon Song” ne cherche pas à séduire à tout prix : il s’installe, vacille légèrement, et vous aspire dans sa gravité tranquille.

Nate Bergman « Long Black Hearse » // USA

C’est le moment de sortir vos bottes noires et votre stetson noir, et de vous arrêter un instant pour regarder passer ce long corbillard noir, celui de Nate Bergman et de son dernier titre « Long Black Hearse ». La chanson avance lentement, sans effets inutiles, portée par une voix épaisse, marquée, quelque part entre la soul à l’ancienne et la poussière des routes américaines. C’est beau, c’est triste, c’est contemplatif, et ça ne cherche jamais à enjoliver la peine. Bergman s’inscrit dans cette nouvelle scène folk-country qui préfère la vérité à la pose, la gravité au folklore décoratif. Ici, le deuil devient paysage, la mélancolie un espace où l’on s’assoit plutôt que quelque chose qu’on fuit.

Blue Tomorrows « Santa Cruz (Memory Blues) » // USA

Avec « Santa Cruz (Memory Blues) », Blue Tomorrows transforme la nostalgie en matière molle, presque liquide. Sarah Nienaber laisse se confondre guitares brumeuses, synthés profonds et voix traitées comme un souvenir qu’on repasse trop souvent dans la tête. Ça flotte entre dream pop et indietronica sans chercher le tube ni l’effet waouh, préférant l’errance douce à la démonstration. Les paysages s’empilent… Portland, Wisconsin, Santa Cruz… mais tout finit par se dissoudre dans une même sensation, celle d’un passé recomposé, un peu flou, mais étrangement réconfortant. « Santa Cruz (Memory Blues) » ne regarde pas en arrière pour pleurer, il s’y attarde juste assez longtemps pour que la mémoire vibre encore une fois.

Mário Moita « Rosa ao Peito » // Espagne, Portugal

Vous avez envie de savoir à quoi pourrait ressembler une chanson qui allie la saudade du fado portugais, le savoir-faire espagnol, et les rythmes brûlants de Cuba ? Oui, vous avez envie ? Alors n’attendez plus et plongez dans « Rosa ao Peito » de l’artiste hispano-portugais Mário Moita. Ici, la guitare portugaise quitte les ruelles de Lisbonne pour aller battre la mesure sous un soleil caribéen, entre son cubain et élégance ibérique. C’est une fusion qui ne triche pas, enregistrée à La Havane, nourrie par l’esprit du Buena Vista sans tomber dans la carte postale.

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