Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !
Electric High « Ain’t Got Nothing But Time » // Norvège
Avec « Ain’t Got Nothing But Time », les Norvégiens d’Electric High n’essaient pas de réinventer la roue — ils la font tourner à fond, comme au bon vieux temps où AC/DC, les Stones et The Cult régnaient sur les amplis. Ici, pas de gadgets, pas de surproduction : juste un riff qui poisse, une basse qui claque, et un refrain qui colle au cerveau comme de la bière renversée sur une scène de festival. Le morceau a beau parler de lâcher prise et d’arrêter de courir après le temps, il file droit, porté par un groove implacable et un solo de basse qui vous prend par surprise. Bref, Electric High ne prêche pas la modernité, mais l’urgence d’un rock’n’roll classique, brut et toujours vivant.
Lucifers Beard « Loveland » // UK
Dans “Loveland”, Lucifers Beard balance un trip rock-blues psyché qui sent la sueur, les néons cramés et l’envie d’en découdre avec la grisaille. C’est un morceau qui n’a rien d’une ballade polie pour playlists bien rangées : ça groove sale, ça vibre analogique, ça joue les funambules entre ELO, Bowie, et un Daft Punk qui aurait troqué ses casques chromés pour une bouteille de whisky entamée. Derrière les guitares en spirale et la rythmique qui piétine tout sur son passage, on entend surtout l’appel des utopies cabossées, des rêveurs qui cherchent encore un bout de paradis dans le chaos. “Loveland” n’est pas un refuge, c’est une fuite en avant, un carnaval électrique où l’on s’accroche tant qu’on peut.
Keka « Fever in July » // UK, Kosovo
Avec Fever in July, Keka prouve que la pop peut être un poison doux : ça s’insinue, ça s’installe, et bientôt vous êtes pris en otage par ses mélodies veloutées. Originaire du Kosovo mais bien décidée à faire danser les nuits londoniennes, elle mélange funk suave, jazz discret, alt-pop sensuelle et éclats de RnB comme si tout ça n’était qu’un cocktail de saison. Ce n’est pas de la pop formatée pour radio en demi teinte : c’est une ivresse élégante, un souvenir d’été qui colle à la peau, entre pulsion nocturne et nostalgie trouble. Bref, Fever in July est ce genre de morceau qui transforme vos écouteurs en piège à plaisirs coupables.
Anton Mikhailov Today Yesterday // Ukraine, Georgie
Avec Today Yesterday, Anton Mikhailov signe un premier disque qui ressemble moins à une carte de visite qu’à un carnet de route raturé, traînant entre Murmansk et Moscou, entre les doutes d’une pandémie et les élans d’un jeune compositeur qui refuse de choisir entre Debussy, le jazz de ses potes, et les échos électroniques de sa mémoire. Ici, le piano n’est pas un trône académique mais un terrain de jeu où l’on passe de miniatures lo-fi enregistrées à la maison à des déflagrations de trio qui transpirent l’urgence et l’énergie collective. Today Yesterday n’est pas un manifeste, mais une mosaïque fragile et fière, un patchwork où l’identité se reconstruit note après note, à coups de nostalgie, de collisions et de respirations intimes. Un disque qui ne cherche pas la perfection mais le vrai.
Jo Morrison, Ningrui Liu et Felix X Tigersonic « Get Some Ears » // UK
Avec « Get Some Ears », Jo Morrison, Ningrui Liu et Felix X Tigersonic nous catapultent dans un espace où la musique n’est plus vraiment musique, mais un rituel bancal, entre des cris possédés à la Yoko Ono, la lente agonie cosmique de « The End » des Doors, et l’intensité tragique d’un théâtre coréen en plein sacrifice. Ici, pas de couplets ni de refrains, juste des voix qui s’écharpent, des textures électroniques qui rampent, des gestes qui prennent autant de place que les sons. C’est expérimental, oui, mais surtout viscéral : une improvisation structurée par les instructions de l’oeuvre Etudes de Sharon Gal, qui transforment chaque performance en cérémonie imprévisible. Bref, « Get Some Ears » n’est pas là pour flatter vos playlists, mais pour vous obliger à écouter autrement.
David Morin « Dreaming » // Canada
Avec « Dreaming », David Morin fait du chagrin d’amour une piste de danse, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde ! L’artiste de Vancouver, héritier d’une soul bricolée entre funk lumineux, groove de rue et nostalgie tenace, transforme le doute post-rupture en refrain entêtant. Pas question de s’apitoyer : ça chaloupe, ça sourit à travers les larmes, et ça laisse planer ce fichu “et si ?” qui colle aux doigts comme du sucre fondu. Morin n’en fait jamais trop, mais assez pour que son funk moderne reste élégant et accessible, sans perdre cette fragilité qui fait tout son charme. Bref, Dreaming ne console pas vraiment, mais il vous donne au moins une raison valable de bouger en pensant à vos fantômes.
Fletcher Tucker « Great Flowering Mind » // USA
Avec « Great Flowering Mind », Fletcher Tucker signe un chant païen qui n’a rien à voir avec vos playlists folk aseptisées. Ici, les cornemuses suédoises respirent, les orgues pompent, les flûtes de bambou sifflent, pendant que la voix invoque pierres, arbres et ancêtres comme si Big Sur était devenu un sanctuaire chamanique. Pas de posture hipster, pas d’ironie confortable : Tucker cherche réellement à ré-enchanter le monde, à bâtir des ponts entre humains, rochers et esprits. Résultat, une chanson qui se fout bien des refrains et des couplets, mais qui s’installe dans vos tripes comme une incantation lente et nécessaire.
Son Calle « Sonrisa de papel » // USA, Cuba
On finit cette sélection en douceur, avec les compas chaloupés de nos amis de Son Calle. Leur « Sonrisa de papel » ondule comme une caresse triste, une ballade pour tous ceux qui donnent trop et reçoivent trop peu. Entre héritage cubain et groove urbain bien de son temps, le groupe tisse une mélodie tendre qui parle de blessures intimes sans jamais forcer le pathos. Résultat : un morceau qui danse doucement sur la frontière entre douleur et douceur, sourire fragile posé sur une cicatrice encore chaude.
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