Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !
Kikimora « Swordfight » // USA, Argentine, Mexique
Depuis les déserts texans d’El Paso jusqu’aux racines métisses d’Argentine et du Mexique, Kikimora brandit son groove comme une arme de précision. Leur morceau “Swordfight”, relancé en fanfare ce printemps, est un combat élégant entre jazz, funk et soul, où chaque riff semble trancher dans l’angoisse du quotidien. Porté par la voix chaude de Hayley Lynch, ce titre culte du groupe — déjà présent en 2016 sur leur EP Cosmic Control — revient affûté, gonflé de maturité et de textures riches, comme un mantra rythmique contre la lourdeur de l’existence. En attendant leur album prévu pour le 19 juin, Swordfight agit comme une mise en garde lumineuse : même en pleine tempête, le groove peut être une armure.
Mothé « Claw » // USA
Avec “Claw”, Mothé laisse tomber les confessions feutrées pour plonger tête la première dans la moiteur des clubs. Exit la pop introspective, place à une électro-pop rugueuse, sensuelle, à peine tenue par des basses qui cognent et une voix éraillée comme un cri noyé dans les stroboscopes. Entre pulsations lascives et désirs désinhibés, l’artiste californien peint la frénésie d’un dancefloor où les corps se cherchent, se frottent, s’embrasent – jusqu’à l’indécence. Premier extrait de l’album Total Popstar, “Claw” suinte l’euphorie des afters de L.A., là où Mothé, désormais DJ et créature nocturne à part entière, injecte dans sa pop scintillante une fièvre brute, désorientante, presque animale. Un virage risqué, et terriblement excitant.
Rival Consoles « Jupiter » // UK
Avec “Jupiter”, Rival Consoles projette ses machines dans un éclat solaire, presque cosmique. Le producteur britannique Ryan Lee West, maître de l’émotion synthétique, tisse ici un dialogue hypnotique entre nappes vibrantes et motifs répétitifs, comme une conversation intérieure entre lumière et matière. Chaque oscillation semble toucher la peau comme un rayon d’été, chaque réponse électronique résonne comme un écho de la nature. Dans la lignée de ses titres Helios et Voyager, ce nouveau single, prélude à l’album Landscape from Memory attendu pour le 4 juillet, explore notre position fragile dans l’univers avec une élégance organique. Une électro vivante, tactile, qui plie, brille, respire — comme du verre chauffé par le soleil.
TETHA « Scary Monsters and Nice Sprites » // France
Et si Skrillex avait eu le spleen de Barbara ? Avec sa reprise inattendue de “Scary Monsters and Nice Sprites”, TETHA fait de l’hymne dubstep de 2011 une élégie murmurée en français, entre piano fragile et tensions électroniques à peine contenues. C’est doux, presque spectral, comme si le beat s’était effondré sous le poids du souvenir. Dans cette relecture intime, la chanteuse parisienne nous invite à revisiter l’excès et la frénésie d’une époque à travers le prisme du manque et du silence. Une cover minimaliste, mais chargée d’émotion – quelque part entre FKA twigs, James Blake, et le fantôme d’une rave oubliée. Une première mue ? Une promesse de chaos retenu. TETHA est là, et elle murmure là où d’autres criaient.
Luminiah « Strawberry Wine » // Allemagne, USA
Avec “Strawberry Wine”, la Berlinoise Luminiah verse quelques gouttes de douceur dans un cocktail moody aux relents de trip-hop. Portée par une voix brumeuse et magnétique, ce morceau nocturne, né d’une session improvisée au cœur de la nuit, explore cette sensation vertigineuse de tomber amoureux·se trop vite, trop fort. Entre effluves de soul et pulsations cotonneuses, la jeune artiste tisse un groove feutré, quelque part entre les caresses de Morcheeba et les frissons de FKA twigs.
Furmiga Dub “Mas Você Não Veio” // Brésil
Dans un souffle sacré, FurmigaDub, Presto do Coco et Filosofino invoquent les esprits, les tambours et les douleurs dans “Mas Você Não Veio”, un chant d’absence transformé en rituel de résistance. À la croisée des mondes, entre macumba, samba de coco, rap nordestin et dub alchimique, ce morceau est plus qu’une chanson : c’est un message venu d’ailleurs, porté par Pombo-Gira elle-même, figure puissante des religions afro-indigènes. Ici, la frustration amoureuse devient offrande poétique, prière dansante.
Cassio Vianna « Tocando a Vida » // Brésil, USA
Une samba qui swingue avec élégance sous les feux d’une grande formation jazz : “Tocando a Vida” du compositeur brésilien Cassio Vianna est une ode instrumentale au souffle long et à la vie qui pulse. Derrière ce titre lumineux se cache un big band installé aux États-Unis, emmené par Vianna lui-même et boosté ici par un invité de taille : Eric Marienthal au saxophone. Entre Rio et Seattle, entre tradition brésilienne et arrangements jazz ciselés, ce morceau est une danse sans parole mais pleine d’âme, une célébration groovy de l’instant. Une façon pour Cassio Vianna – également directeur des études jazz à la Pacific Lutheran University – de rappeler que la vie, comme la musique, se joue en rythme, en collectif, et avec panache.
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