Discussion artistique avec le plasticien Kouamé Eric Kouassi

Kouamé Eric Kouassi est un brillant plasticien et étudiant des arts, que ce soit au travers du graphisme, de l’infographie, de la peinture, il jongle avec les couleurs, et dompte les formes, afin de, toujours, servir un message plus grand.

Kouamé Eric Kouassi nous a fait l’honneur de s’entretenir avec nous, il nous parle de lui, de son art, et de bien plus… :

 

Djolo : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Kouamé Eric Kouassi : Je suis né le 12 mai 1993 à Didoko/Divo, en Côte d’Ivoire. Je vie et étudie les arts plastiques à l’Unité de Formation et de Recherche Information, Communication et Arts (UFRICA) de l’Université Félix Houphouët-Boigny Codody/Abidjan, Côte d’Ivoire.

Djolo : Comment t’es venu cette passion pour les arts et comment as-tu senti que cela était une vocation ?

Kouamé Eric Kouassi : Très jeune, je me suis rendu compte de mon talent artistique et de mon aisance à appréhender les arts. Ça m’a d’ailleurs emmené à me rapprocher de mes enseignants du Collège et du Lycée Moderne Zuénoula/Marahoué (Côte d’Ivoire), pour pouvoir être orienté par la suite dans un département des arts de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Djolo : Quels techniques artistiques utilises-tu ?

Kouamé Eric Kouassi : J’utilise une technique mixte qui mélange plein de choses grattage, peinture à l’eau, photomontage….

Djolo : Tu abordes dans tes œuvres beaucoup de thèmes autour des concepts de « vie » de « bonheur » de « condition humaine » ou encore d’« éducation culturelle » ; quel est ton principal message ?

Kouamé Eric Kouassi : « Un peuple sans culture est appelé à mourir et à disparaître (à être oublié). » Je suis très sensible à cette phrase du grand anthropologue, Claude Lévi-Strauss. En effet, je pense que c’est en introduisant la culture et les arts d’un peuple dans son éducation et sa formation, qu’on peut arriver à mieux valoriser ce peuple et garantir son développement à tous les niveaux (économique, politique, social, culturel…).

Djolo : Parle-nous de ta propre culture de ta propre tradition ?

Kouamé Eric Kouassi : Je n’ai pas eu la chance d’être en contact avec ma tradition, ma culture ; ce qui a pour conséquence la non-maîtrise de celles-ci et le problème de compréhension de ma langue maternelle (le Baoulé) ; d’où mon emprunt de différents éléments provenant de diverses cultures et civilisations pour composer mes œuvres, c’est un moyen pour moi de reconstituer ma tradition, ma culture. Par ces emprunts, c’est non seulement cette diversité culturelle des peuples en Afrique qui est mise en avant, mais aussi la richesse de sens et de codes renfermée dans ce qui est appelé « Objet d’art » pour certains et « Objet sacré » pour d’autres dans les cultures d’Afrique (masques, statuettes, etc.).

Djolo : Dis-nous-en plus sur ces nouveaux concepts que tu abordes, « Objet d’art » et « Objet de culture » ?

Kouamé Eric Kouassi : Les notions d’« Objet d’art » et d’« Objet sacré » sont distinctes. En effet, l’objet est dit « sacré » lorsqu’il se trouve dans son contexte et son environnement culturel. À ce niveau, la forme perçue est élevée à un niveau de spiritualité. Dans certaines cultures d’Afrique, les ancêtres, l’au-delà sont représentés sous une forme physique. Créant ainsi une forme, un contexte et une force de métaphysique. Ce qui est vu chez l’artiste d’origine italienne Georgio De Chirico à travers ses formes souvent géométriques qui peuvent dans une certaine mesure se rapporter aux œuvres de Pablo Picasso (Les demoiselles d’Avignon). Et c’est sans doute, cette géométrisation dans les arts d’Afrique qui a stimulé la ruée vers ces arts d’Afrique, causant une désacralisation des « objets sacrés ». Cette désacralisation indique que l’objet dit « sacré » quitte son environnement habituel pour de nouvelles destinations, de nouveaux lieux (Collectionneurs, Musées, Galeries, Maisons de vente, etc.). Et, ce sont ces nouveaux propriétaires qui enlèvent et détruisent dans certains cas, cette métaphysique de l’objet qui autrefois « sacré » est devenu une simple pièce, un simple objet de décoration. En clair, il devient « objet d’art » parce qu’il a perdu toutes ses racines, toutes ses valeurs, sa spiritualité…

Djolo : Quelles sont les conséquences de cette transformation de l’objet sacré, vers l’objet d’art, et de cette fuite de ceci vers l’étranger ?

Kouamé Eric Kouassi : À la suite de ce fait, la nouvelle génération de jeunes en Afrique, se retrouve déracinée de toutes cultures, de toutes traditions et n’ayant plus aucune identité. C’est au déracinement d’une Afrique sans voix que nous assisterons, sans pouvoir faire quelque chose, si l’éducation ne prend pas en compte les arts et cultures.

Djolo : Donc un peu à l’image d’un Amadou Hampaté Ba, gardien de la tradition orale, tu es toi aussi une sorte de gardien des arts ?

Kouamé Eric Kouassi : Oui d’une certaine manière, car mon travail consiste donc à me réapproprier les arts, les cultures, les traditions d’Afrique dans mes pratiques plastiques pour faire connaître et valoriser celles-ci avant qu’il ne reste que des cendres d’une culture dominée par les plus fortes.

Djolo : Pensez-vous que l’art peut véritablement être un facteur de développement et d’éducation au sein de nos sociétés ?

Kouamé Eric Kouassi : L’Afrique est riche en culture, et, l’essor des grandes puissances de ce monde est basé sur leurs cultures, qu’elles valorisent, et en tire profit pour façonner leur idéologie et leur modèle de développement. L’Afrique gagnerait à asseoir une véritable politique de développement, axée sur l’éducation culturelle en donnant plus de champs d’action aux arts et cultures (musiques, cinémas, théâtres, contes, légendes…) dans les différents domaines.

Djolo : Un mot de la fin ?

Kouamé Eric Kouassi : Respectons les arts, soumettons-nous aux cultures, et pratiquons les traditions, les seules sources de richesse qu’on ne peut arracher à un homme quand il a tout perdu.

 

 

KEK 10881371_1511196012497285_624705332_nCarte d’identité, photomontage, 15,91×23,8 cm – Décembre 2014

KEK Aya_photomontage_15x21cm - Déc. 2014Aya – photomontage – 15x21cm – Déc. 2014

 

KEK Sramblé_peinturemixtesurbristol_21x297 cmSramblé – peinture mixte sur bristol – 21×297 cm

KEK Sister_graphisme_15x21 cm _ Déc. 2014Sister – graphisme – 15×21 cm   Déc. 2014

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5 Comments

Felicitations mon frère Eric, homme au pinceau profond et fécond. Bonne continuation et que l’ETERNEL soit accroisse ton inspiration

JEUNE AMI JE NE VAIS PAS TE DIRE CE QUE TU SAIS DEJA MAIS LE COURAGE ET LA FOI SONT LES SEULES ARMES DE TON DOMAINE.
BEAUCOUP DE COURAGE ET BONNE CONTINUATION. TON FRERE KIJM

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