On pourrait croire que les disques se trouvent comme ça, sur un présentoir de disquaire branché, avec des étiquettes « Jazz-Funk-Fusion » griffonnées au marqueur. Mais non. Certains albums se découvrent comme des cités perdues, enfouies sous une jungle touffue qui va de Rio de Janeiro à Londres, un dédale de rythmes et de souvenirs, de tambours et de cuivres. Et dans cette forêt musicale, voilà qu’apparaît une nouvelle clairière : Babo Moreno.
Derrière ce nom qui sonne presque comme une énigme incas, se cache Fabio De Oliveira. Le batteur-percussionniste londonien (mais nourri au lait, ou plutôt au cachaça, du Brésil) a déjà taquiné les peaux et les cymbales pour Sault, Jacob Collier, Alfa Mist, Terry Callier, et même Airto Moreira, excusez du peu. Mais cette fois-ci, il sort de l’ombre des studios pour signer son propre trésor, une carte aux contours dessinés à coups de forró, d’ijexá et de maracatu, mais aussi de grooves londoniens et de jazz bien british.
La filiation est claire : fils de Bosco De Oliveira, figure historique de la percussion et fondateur de la London School of Samba, Fabio porte en lui cette double citoyenneté sonore. Et sur Babo Moreno, il en fait une force. Car oui, le disque sonne comme un dialogue improbable : Hermeto Pascoal qui tape la causette avec Tony Allen, pendant qu’Eddie Palmieri commande une bière au bar du Notting Hill Arts Club.
Autour de lui, une équipe qui n’a rien d’une bande d’explorateurs du dimanche : Dennis Rollins au trombone, Ife Ogunjobi (Ezra Collective) à la trompette, Tamar Osborn au sax, ou encore le collectif Baque Luar qui amène un souffle choral et militant. Le tout capté dans les temples londoniens Livingston et Fish Factory Studios, avec Benedic Lamdin (aka Nostalgia 77) aux manettes.
Alors oui, Babo Moreno est une première pierre, mais taillée dans un granit rare : celui des disques qui racontent l’entre-deux, la saudade et la city life, le batuque et le jazz-funk. Et comme dans toute exploration digne de ce nom, ce n’est pas tant la destination que le chemin qui compte. À vous d’entrer dans la jungle, de pousser les lianes, et de découvrir cette cité musicale où les percussions battent comme des cœurs anciens sous des néons modernes.
Babo Moreno – Babo Moreno :
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