Pas besoin de BPM en surchauffe pour retourner un dancefloor. Catu Diosis le prouve avec Anyim, premier album lent, brûlant, viscéral, sorti chez Hakuna Kulala. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière ce « premier album », il y a des années de scène, de clubs moites à Kampala, Berlin ou Bamako, de sets enflammés au CTM ou à Nyege Nyege, de collaborations acides avec Rian Treanor ou Oh Lorena. Bref, Catu n’a rien à prouver. Et pourtant, elle débarque avec un disque qui renverse les codes sans lever la voix.
Anyim, c’est un manifeste sans slogans. Une déclaration physique. Dès “Chaa”, morceau d’ouverture co-produit avec R3ign Drops, on est happé par une matière sonore dense, comme un gqom étiré à l’extrême, qui laisse de l’air mais jamais de répit. Les kicks hésitent, les textures crissent, les voix chuchotent comme des incantations perdues dans la fumée. C’est lent, oui, mais tendu comme une corde. Pas de drops. Pas de climax. Juste un groove souterrain, mutant, toujours à la lisière de l’explosion.
Sur “Legi” ou “Anyim”, on touche à une sorte de minimalisme cérémoniel. Du kuduro déconstruit, ralenti, déconcentré. Catu Diosis ne cherche pas le tube, elle cherche la transe — celle qui monte lentement, qui colle à la peau, qui fait bouger les corps sans qu’on s’en rende compte. Et toujours cette tension : entre chaos et contrôle, entre rage et rituel.
Productrice, DJ, MC, danseuse, co-fondatrice de Dope Gal, Catu s’impose avec Anyim comme une prêtresse électronique, une sorcière de l’entre-deux, capable d’allier politique, féminisme, et sens du dancefloor dans une seule nappe sonore. Un album lent comme une marche vers l’extase. Et terriblement addictif.
Catu Diosis – Anyim :
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