Alec Lomami, la photo, la beauté du quotidien, et Kin la Belle

Kin La Belle, voila un sujet qui est cher à l’artiste et rappeur congolais Alec Lomami. Car même s’il vit désormais aux États-Unis, la capitale congolaise reste au centre de son œuvre, regardée tantôt avec regret, tantôt avec colère, mais presque toujours avec amour. Et c’est ça, l’amour, surement qui motive son nouveau travail qui, surprenamment, ne prend pas cette fois la forme de lyrics posés sur des beats hip-hop comme à son habitude, mais celle d’une jolie série de photographies, simplement intitulée Kin La Belle.

C’est après que sa tante lui ait refusé de prendre un cliché d’elle, car elle était « peu présentable », et après qu’elle lui ait fait une plaisanterie insinuant que, s’il faisait une photo d’elle dans ces conditions, il pourrait, au vu de la mocheté de la photo, probablement créer une ONG et récolter des fonds pour le pays… Une réflexion amusante et sans grande portée politique, ni artistique, mais qui pourtant a fait murir dans la tête de l’artiste, une réflexion sur l’image de l’Afrique, qui aboutira à la série photographique Kin La Belle.

Par cette série de photo, il tend à mettre en valeur Kinshasa, et à donner une vision positive du Congo, et, par extension, de l’Afrique. Car Alec Lomami s’est rendu compte qu’en dehors des frontières du continent africain l’image qu’elle renvoie au monde est très limitée, et binaire. Aux États-Unis, outre le fait que l’Afrique existe comme un bloc sans distinction de pays, d’ethnie, ou de culture — en somme un pays-continent exclusivement noir, et où tout le monde parlerait swahili — l’Afrique est toujours renvoyée à sa condition de shithole country, ou à une version fantasmée, wakandisée. Kin La Belle tend donc à débinariser cette vision étrangère, et à rendre compte d’un quotidien kinois qui n’est pas dénué de beauté.

 

Alec Lomami – Kin La Belle :

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