Men Ana / من انا, Alsarah au coté du peuple soudanais et de la révolution

Après Ben Ali, Kadhafi, Moubarak, c’est maintenant au tour de deux autres peuples, ceux d’Algérie et du Soudan, de tenter, et pourquoi même de s’affranchir de l’oppression subite de longue, très longue, trop longue date. Ainsi depuis plus de six mois maintenant les Algériens battent le pavé chaque vendredi dans leur grande révolution du sourire qui a déjà écarté Bouteflika et pas mal de ses seconds du pouvoir, mais pas question pour eux de laisser se reposer les zygomatiques avant que toute la clique qui a plus que largement profité des largesses algériennes pendant des décennies ne soit remise à sa place, en prison.

Au Soudan aussi la contestation bat son plein, l’ambiance est moins souriante, il faut dire que le pays est depuis longtemps au bord du gouffre, et que le durcissement de la dictature, à la fois militaire et islamiste, de Omar el Bechir n’a fait que précipiter les choses. Mais les soudanais se sont massivement mobilisé depuis le mois de décembre, et malgré la répression, brutale, on parle d’au moins 90 morts depuis le début du mouvement, le peuple a su faire entendre sa voix. Et à la suite du siège permanent du QG de l’armée à Khartoum, cette dernière s’est finalement retourné contre son maitre, et le 11 avril Omar el Bechir a été destitué puis mis aux arrêts. Et alors que les négociations sur l’avenir de la transition s’enlisent entre militaires et responsables civiles, le peuple, qui n’a pas envie de voir son élan de liberté verrouillé par un nouveau tyran militaire, continue sa mobilisation sans faille, ainsi que le siège de l’état-major.

C’est dans tout ce grand chamboulement que l’artiste d’origine soudanaise Alsarah dévoile une nouvelle chanson, « Men Ana / من انا », que l’on pourrait traduire par « Qui suis-je ». Sur ce titre à l’origine prévu pour le prochain album de Alsarah & The Nubatones, on y retrouve finalement son regard, et ses sentiments de Soudanaise de la diaspora sur les événements qui bousculent son cœur et l’avenir de son pays. « Men Ana » ouvre donc une réflexion sur l’identité de ce peuple, qui s’il jouit d’une culture plusieurs fois millénaire, a pourtant été mis entre parenthèses, et arabisé presque malgré eux, pendant au moins un quart de siècle, et illustre aussi ce grand écart que vit beaucoup de soudanais, au pays comme en exil, celui entre la peur, l’inquiétude de l’avenir, comme celle du présent, la crainte de voir le pouvoir confisquer par les militaires, par des puissances étrangères… mais aussi la joie de voir Omar el Bechir en prison, et surtout l’espoir, l’espoir et l’espoir !

Et, au regard de la situation des instigateurs des printemps arabes de 2011, on voit que la Tunisie peine à sortir du marasme économique et de la médiocrité ambiante de sa classe politique, que l’Égypte est retournée dans les bras de l’armée, et que la Libye… pauvre Libye… on espère, comme Alsarah, comme tous les Soudanais, comme tous les Algériens qu’ils sauront éviter les écueils qui ont happé leurs prédécesseurs révolutionnaires.

Alsarah & The Nubatones – « Men Ana / من انا » :

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