À l’heure où ce sont les crépitements des feux de barricades, et les détonations des lances grenades lacrymogènes, qui prennent le dessus dans le paysage sonore français, les musiciens du groupe franco-béninois Monkuti, qu’ils portent le gilet jaune ou non, ont décidé de sortir leurs instruments et de verser dans un autre genre de contestation, celle musicale, avec un nouvel album qui porte haut et fort les couleurs d’un afrobeat bleu blanc rouge, vert et jaune, Monkuti Vilé.
Mais avant d’aller plus loin, avant de parler des sax barytons qui percutent leurs rythmes avec violence et entêtement, comme des CRS abattant en cadence leur tonfa sur la tête de lycéens. Avant de parler des cuivres, des altos, des trompettes qui s’envolent et se répandent comme un nuage de fumée qui tournoie dans le ciel de ce disque. Un ciel sous lequel la batterie et la basse se renvoient la balle comme deux habiles politiciens en pleine joute verbale. Avant de parler de ce lancinant bordel qui se gargarise, qui bulle, qui gargouille, qui glougloute, comme un bon alcool en cours de distillation, ou plutôt comme du pétrole en train d’être raffiné. Avant de parler de ses voix qui viennent se glisser dans ce tourbillon musical, qui rassurent, susurrent, saisissent, crient, et qui, quelque soit la langue, en français, en anglais, en fon, en arabe, ou en mina, ont le mot juste. Celui qui met le feu aux poudres, qui enflamme le cocktail, et embrase le ciel de Monkuti dans un déchainement de crépitements vaudou, d’afrobeat cinglant, de juju music envoutante, de valse de mots et de sens, de détonations hard-bop…
Avant de vous dire tout ça, il faudrait peut-être vous présenter le groupe ! Monkuti, « je ne peux pas mourir » en yoruba, un nom porteur de sens, qui joue aussi avec les deux grandes influences du groupe, Monk, comme Thelonious, et Kuti, comme Fela. À l’origine c’est un quintet créé par Mario Orsinet en 2013, et qui avec le temps, les scènes, les rencontres, s’est rapidement transformé en un monstre incontrôlable… ah, non ça ce sont les gilets jaunes français, mais qui s’est rapidement transformé en un collectif monstrueux qui écume les scènes hexagonales comme internationales (il était notamment à l’affiche de la dernière édition du festival de photographie et d’arts visuels de Kerkennah en Tunisie), semant leur poésie afrobeatesque, et secouant les oreilles et les esprits, les hanches et les bras de leur public !
Et maintenant que tout ça est dit, il vous faut aller vous procurer au plus vite leur premier album, Monkuti Vilé !!
Monkuti – Teaser de l’album :
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