Le dernier clip du duo américain Clipse ? “So Be It” ? On y rentre comme dans un café à Amman, ou comme dans un taxi au Caire, c’est-à-dire en étant cueilli par quelques violons anciens, un qanum cristallin, et une voix qui n’arrête pas de hanter nos postes de radio… enfin, dans les villes susmentionnées, et dans quelques autres au Maghreb ou au Levant. Il s’agit d’un sample du chanteur saoudien Talal Maddah, sur une composition du géant égyptien Mohamed Abd El Wahab ; le genre de matériau qui transforme une prod en rituel sacré, surtout quand elle est retravaillée par Pharrell en personne.
Et sur cette boucle aussi entêtante qu’envoûtante, Pusha T et No Malice ne se contentent pas de rapper : ils tranchent, ils recousent, ils règlent leurs comptes. Les rumeurs vont bon train : Travis Scott serait dans le viseur, accusé de trahison pour avoir joué les équilibristes entre les beefs et les loyautés fragiles. Pusha lui balance une punchline façon Khalil Gibran qui aurait grandi dans un ghetto de Virginie : « You cried in front of me / you died in front of me / Calabasas took your bitch and your pride in front of me ».
Mais “So Be It”, ce n’est pas que du venin et des clins d’œil. C’est surtout une leçon de style, une façon pour Clipse de rappeler qu’ils sont toujours les alchimistes du verbe et du vice, capables de transformer une querelle d’égos en fresque musicale. En noir et blanc, dans une villa vide, au milieu de vieilles caisses de luxe, ils déroulent leur art sans jamais forcer le trait.
Avec ce deuxième extrait de leur album Let God Sort ‘Em Out prévu pour le 11 juillet, Clipse renoue avec la classe des anciens — et l’acuité de ceux qui n’ont jamais vraiment quitté la scène.
Clipse – « So Be It » :
Et si jamais vous voulez digger un peu, on vous met la chanson originale « Maza Akoulou » de Talal Maddah dont sont tirés les samples.
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