Siselabonga trouble les eaux claires du Agolo d’Angélique Kidjo

Il fallait oser toucher à « Agolo ». Ce classique d’Angélique Kidjo, propulsé en 1994 dans les hit-parades du monde entier avec ses percussions bondissantes, ses appels yoruba et son clip entre forêt vaudou et plateau MTV, est devenu l’un de ces monuments de l’afropop qu’on admire… maintenant, parfois, en gardant quelques distance. Mais voilà que le duo helvético-sud-africain Siselabonga débarque, sans complexe, armé de synthés moites et de percussions telluriques, pour en faire un objet sonore non identifié. Plus lent, plus trouble, plus viscéral.

Ici, « Agolo » n’est plus un appel à la fête ou à la prise de conscience écologique façon ONU années 90, mais un mantra d’outre-réalité, un genre d’incantation cinématographique où le feu des origines côtoie l’étrangeté psychédélique. Nongoma Ndlovu murmure, répète, psalmodie plus qu’elle ne chante, tandis que Fabio Meier triture le morceau comme une pâte sonore en fermentation lente. La boucle tourne, s’épaissit, devient transe. Le beat claque en arrière-plan, comme un souvenir lointain de village.

Et si l’on était un peu malicieux – ce que nous sommes évidemment – on dirait que cette relecture n’est pas sans évoquer les expérimentations mystiques d’une Jojo Abot, elle aussi spécialiste du dérèglement rituel, des voix multiples et des performances hallucinées.

Bref, Siselabonga ne fait pas que reprendre un tube : ils en mettent à nu l’ossature, en creusent les silences, et proposent un espace d’écoute qui dépasse la simple cover. Un genre de laboratoire de l’intime, où l’on explore le coût de l’oubli, les appels ancestraux, les tensions entre deux époques, entre deux visions du monde.

Siselabonga « Agolo » :

Angelique Kidjo « Agolo » :

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