Salsa, hardcore et ironie : Lover’s Skit fout le feu au dancefloor

Il y a des disques qui claquent comme une décharge électrique, qui réveillent les nerfs et font sauter les plombs — All Rights Reserved, le nouvel EP du duo Lover’s Skit, appartient à cette catégorie. Formés entre Stockholm et Londres, Nathalia Aránguiz et Ove Jerndal manient la musique comme une arme contondante : un mélange improbable de salsa, de punk, de hip-hop et de beats électroniques déglingués. Une potion instable, bricolée à la va-vite dans une cave enfumée, qui finit par mettre le feu au dancefloor.

On pourrait les comparer aux freaks de la scène hardcore suédoise des 90s, ceux qui gueulaient à s’en arracher les cordes vocales dans des squats d’Uppsala, mais avec une touche tropicale et satirique en bonus. Ou même aux guitares grasses et au mauvais goût revendiqué de Limp Bizkit — sauf qu’ici, pas de pantalons baggy fluo, juste une rage canalisée dans un chaos dansant, moite et politique. Car derrière la façade de fête bordélique, Lover’s Skit parle de droits, de luttes, de contradictions, en riant au nez des convenances.

Les morceaux ? Des coups de latte bien placés. “Bad Lyfe” ouvre la danse en défonçant la porte à coups de kicks. “No Te Metas” convoque les racines latines de Nathalia, qui crache ses lyrics comme des cocktails Molotov sur un club survolté. Et “Poor Business Man” ridiculise les imposteurs avec une ironie qui rappelle que le rire peut être aussi violent qu’un pogo. C’est cru, sans filtre, sans vernis — une esthétique héritée du hardcore, mais qui flirte avec le grotesque pour mieux séduire.

Et c’est là que l’EP surprend : un peu comme aux débuts du ska, quand des kids jamaïcains inventaient une musique rebelle pour danser, Lover’s Skit remet le punk sur le dancefloor. Pas un punk nostalgique ou muséal, mais un punk qui groove, qui transpire, qui t’attrape par le col pour t’entraîner dans une danse aussi chaotique que libératrice. All Rights Reserved est un manifeste : on n’a pas besoin de permission pour foutre le bordel, ni pour transformer la rage en fête.

Lover’s Skit All Rights Reserved :

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