Au Mali, le silence a toujours été un langage. Celui des anciens quand la parole devient trop lourde. Celui des griots quand les vérités dépassent les notes. Et aujourd’hui, celui de Niaréla Papou quand il décide de titrer son nouvel album Power of Silence. Oui, vous avez bien lu. Dans un pays où tout le monde parle, mais où plus personne n’écoute, Mahamadou Sidibé, enfant de Niaréla et digne héritier des traditions wassoulou, fait le pari du calme, de l’introspection, et de la mémoire.
Mais ne vous y trompez pas, ce silence-là n’a rien de passif. Il est tendu, vibrant, enraciné dans les cordes du kamalé n’goni de feu Gaoussou Sissoko, poussé par l’élan de Baba Simaga, et amplifié par les fêlures d’un pays qui vacille. Power of Silence, c’est un cri intérieur, celui d’un artiste qui convoque les ombres de Toumani Diabaté et Mangala Camara pour mieux poser les pieds dans la latérite rouge de Bamako. Pas question ici de folklore poussiéreux ou de world music à consommer tiède : Papou plonge dans la tradition mandingue comme on retourne à la source, non pas pour faire joli, mais parce qu’il n’y a plus rien d’autre qui tienne debout.
Douze titres comme douze confidences, douze plaies ouvertes sur un monde qui chancelle. « Mali », « Tiekoroba », « Siniya Don », autant de titres qui parlent de doute, de violence, de pression, mais aussi de dignité, de lien, de réparation. Tout est là, dans les percussions sèches, dans le chant rugueux et nu, dans la puissance retenue. Et surtout dans cette volonté tenace de rappeler aux Maliens que ce pays, avant d’être une crise permanente, fut un empire. Qu’il faut cesser de courir derrière des mirages pour enfin se rassembler autour de l’essentiel : la terre, les valeurs, les anciens. Papou ne chante pas pour séduire l’Occident. Il chante pour que le Mali se regarde en face, se parle à nouveau, et se souvienne.
Niaréla Papou Power of Silence :
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