Il est des morceaux qui ne se contentent pas de faire danser : ils invoquent, convoquent, traversent. « Too Late », la dernière collaboration entre le producteur brésilien Antdot et le chanteur zimbabwéen Bantu, appartient à cette lignée rare. Sorti sur Insomniac Records, ce titre au doux relents d’afrohouse mélodique pulse à 120 BPM mais semble battre bien plus profondément, quelque part entre les tambours ancestraux de Harare et les clubs de São Paulo, entre mélancolie et transfiguration.
Bantu, dont la voix habite littéralement le morceau, n’interprète pas seulement des paroles : il les incante. Né au Zimbabwe, forgé dans les entrelacs du hip-hop, des sonorités sud-africaines et d’une soul résolument contemporaine, il donne ici un chant à la fois intime et universel. Sa voix plane, tourbillonne, questionne : trop tard pour quoi, pour qui ? Trop tard pour l’amour, pour le pardon, pour le retour ? Les mots sont peu nombreux mais puissants, enveloppés dans une réverbération presque mystique, comme si chaque syllabe voulait conjurer l’irréversible.
Face à lui, Antdot construit un écrin sonore d’une précision chirurgicale. Le producteur brésilien, l’un des fers de lance de la scène afrohouse mondiale avec son label Dawn Patrol, tisse des nappes électroniques comme on déploie des prières : lentes, profondes, modulées. Ses beats, empruntés autant au baião qu’aux structures de la melodic techno, sont traversés d’accents d’orgue synthétique, de respirations larges, de basses telluriques. Il y a dans « Too Late » quelque chose de la transe douce, du lâcher-prise lucide, du dernier regard qu’on jette avant de tourner la page.
En trois minutes et trente-deux secondes, Antdot et Bantu ne livrent pas seulement un track calibré pour les fins de set crépusculaires. Ils proposent un moment de suspension, un rituel partagé où la danse devient acte de mémoire, et l’afrohouse un langage universel.
Antdot & Bantu – « Too Late » :
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