Ce nouveau titre de Lil Seyi et Dimelu est comme un petit nuage de rap qui vient atterrir en douceur sur le sample de “I Wonder” de Kanye West, lui-même bâti sur “My Song” du mythique Labi Siffre. Autant dire que les deux compères s’avancent ici sur un terrain sacré, foulé avant eux par des géants, des types qui ont gravé leurs émotions dans la cire et l’histoire. Mais plutôt que de s’écraser sous le poids du passé, Lil Seyi et Dimelu choisissent la légèreté : celle de deux gamins qui dansent dans les pas de leurs idoles, sans jamais perdre leur propre rythme.
“Oluwafemi (Let Me Be)” n’est pas un morceau qui cherche à impressionner. Il séduit autrement : par son groove feutré, sa chaleur, et cette aisance désarmante avec laquelle le duo mêle afrobeat, soul et hip-hop. Le beat respire, les basses roulent comme des vagues sur le rivage, et les voix s’enlacent sans se confondre. Lil Seyi, toujours à la frontière entre rap et chant, glisse sur la prod comme une plume sur un synthé vintage, pendant que Dimelu, lui, y injecte une sensualité tranquille, presque paresseuse, celle du dimanche après-midi qui refuse de finir.
Mais derrière cette douceur apparente, “Oluwafemi (Let Me Be)” est un manifeste : une prière pour qu’on te laisse être, exister, respirer. Un refus poli mais ferme des cases, des pressions, des attentes. Car sous la brume musicale, c’est bien d’émancipation qu’il s’agit — celle d’une jeunesse diasporique qui ne veut plus choisir entre l’Afrique et l’Amérique, entre le chant et le rap, entre les ancêtres et les avant-gardes.
Lil Seyi et Dimelu ne réinventent pas la roue, non. Ils la font tourner à leur manière, avec un peu plus de grâce, un peu plus de légèreté, et cette petite insolence du “let me be” qu’on murmure quand on sait déjà qu’on est sur la bonne voie.
Lil Seyi & Dimelu “Oluwafemi (Let Me Be)” :
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