Love Louder, c’est un peu comme danser sur les cendres de ce qu’on a aimé. Un album qui pleure, qui brûle, qui groove. Le genre de disque qu’on met quand les souvenirs pèsent plus que les lumières stroboscopiques, mais qu’on décide quand même de sortir — pas pour oublier, mais pour aimer plus fort. Eli Escobar et Nomi Ruiz, tous deux enfants du New York boricua et nocturne, nous offrent ici bien plus qu’une collection de morceaux : c’est un manifeste fragile et incandescent, qui sonne comme un dernier slow dans un club menacé de fermeture.
Depuis leur premier flirt sonore en 2011 avec Desire, les deux n’ont jamais cessé de se répondre, de se chercher, de se retrouver. Et aujourd’hui, avec Love Louder, ils signent enfin leur premier vrai album ensemble. Mais attention, la fête est loin d’être légère. C’est une célébration qui a le deuil au ventre, marquée par la disparition de leur ami et complice DJ BluJemz, et l’ombre bienveillante de Gabriela Mejia, inspiratrice du club que Escobar a ouvert à Brooklyn. Le genre de douleurs qu’on porte à deux, qu’on transforme en groove, et qu’on projette dans des titres comme Heathens, Full Fantasy, ou Go Be Gone.
Entre house mystique et ballade synthétique, tourbillon disco et dance en cascade, grosse boites à rythme et freestyle nostalgique, Nomi Ruiz chante avec le souffle court, l’élégance blessée. Elle invoque Donny Hathaway pour ouvrir le bal : “Tomorrow may never come”… Une phrase qui claque comme un avertissement et une étreinte. Le monde brûle, les clubs ferment, les amis partent… et pourtant, Love Louder insiste : on peut pleurer en talons et aimer dans le noir.
Un disque qui dit adieu, mais sans fermer la porte. Une messe profane pour celles et ceux qui dansent encore, même quand le cœur bat de travers.
Eli Escobar & Nomi Ruiz Love Louder :
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