Dans un monde où les DJs occidentaux tartinent les clubs d’un copier-coller de beats génériques vaguement « orientaux », mais en réalité plus orientaliste qu’autre chose, RAQS (105-118BPM) débarque comme une claque bien méritée. Le producteur germano-afghan Farhot, lui, ne « s’inspire » pas de l’ailleurs : il y a grandi, il l’a digéré, et il en sort un EP qui rend la house music à ceux dont les samples ont été pillés sans qu’on leur tende jamais le micro.
Avec RAQS – qui veut dire « danse » en dari et en arabe – Farhot tisse une toile sonore qui relie Mogadiscio à Beyrouth, Kaboul à Hambourg, via des grooves irrésistibles. Sur « MARS », il samplait déjà les légendes djiboutiennes 4Mars avec un respect rare et une finesse de tailleur de beats… hum… Ici, chaque morceau est une danse, une offrande, une réponse à celles et ceux qui pensent encore que la techno doit rester blanche, froide, et berlinoise.
Du souffle de Fairuz transformé en transe quasi-breakbeat, aux percussions artisanales qui transpirent le sable chaud plus que la moquette des clubs aseptisés, RAQS est un manifeste musical. Pas besoin de gimmicks ou d’overproduction : le groove parle pour lui-même. Farhot déconstruit les fantasmes exotiques pour mieux reconstruire des ponts – entre les héritages, entre les diasporas, entre les corps en mouvement.
Et puis, dans ce chaos sonore ultra-produit, quelle fraîcheur d’entendre un producteur qui maîtrise l’art du collage avec la même énergie qu’un crate digger de l’âge d’or. Les voix sont hachées, les synthés dérivent, les beats claquent comme des souvenirs qui refusent de mourir.
Farhot ne fait pas de « world music ». Il fait du real world music. Celle qui vient de loin, mais qui n’a jamais quitté le cœur. Et si la house mondiale a encore un avenir crédible, il passe peut-être par des disques comme RAQS.
Farhot RAQS (105-118BPM) :
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