De prime abord, juste en jetant un coup d’œil furtif à la pochette de ce disque, From The Hill signé Charles Webster & The South African Connection, on pourrait se croire face à une réédition poussiéreuse d’un vieux pressage de jazz sud-africain, sorti quelque part entre 1982 et « personne ne s’en souvient ». Vous savez, ce grain granuleux, ces couleurs sépia un peu fatiguées, ce graphisme qui sent la cave, le carton humide, et la nostalgie. Mais en réalité… pas du tout. Ici, aucune moisissure sonore, aucun grésil, aucune reformation posthume, From The Hill sonne comme le contraire d’une archive. C’est une grande messe deep house sud-africaine, dans toutes ses nuances les plus deeps, les plus acides, les plus 3-step, les plus jazz, ah bah voilà, on y revient quand même.
Il faut dire que même s’il est né à Sheffield, Charles Webster n’a jamais vraiment habité Sheffield musicalement. Dès Better Day en 1997, il s’est fait adopter par l’Afrique du Sud. Littéralement. Ses remixes ont tourné dans toutes les voitures, dans toutes les fêtes, dans tous les braais, dans tous les clubs. Le mec a façonné, sans le savoir, la colonne vertébrale d’une génération de producteurs sud-africains. Certains, comme WAPO Jije, ont commencé leur aventure deep house à cause d’un remix de Webster. D’autres, comme FKA Mash ou China Charmeleon, en parlent encore avec des étoiles dans les yeux.
Installé à Cape Town depuis 2019, Webster n’a rien d’un touriste venu capitaliser sur l’“Afro-house hype”. Au contraire, il est devenu une pièce du décor, un ancien du quartier, un parrain qui connaît le terrain. Et pour From The Hill, enregistré dans l’ancienne prison de Constitution Hill – là où Mandela et tant d’autres ont été enfermés – il convoque la crème absolue de la scène, Atmos Blaq, Daev Martian, Bokani Dyer, Thabo Tonick, Sio, Bokang Ramatlapeng, Muzi, FKA Mash… bref, le gratin, la carte maîtresse, la South African Connection version légendaire.
Le résultat ? Treize pistes impeccables, cousues main dans un velours sonore qui frôle l’indécence. Un marathon de montées progressives, de basses qui cognent directement dans l’estomac, de productions chirurgicales qui transforment la deep house en poésie physique. Chaque morceau ressemble à un échange intergénérationnel, un peu d’histoire UK, beaucoup d’ADN sud-africain, et une énergie commune qui déborde des sillons, et dégouline de la colline !
Charles Webster & The South African Connection From The Hill :
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