Et pendant ce temps dans le reste du monde #273

Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !

Peskimo « Summer Anthem » // UK

Allez on fait durer encore un peu l’été en se replongeant dans le « Summer Anthem » de Peskimo. Un titre qui sent encore la poussière des festivals, les paillettes collées sur la peau et les Moog qui s’emballent comme un feu d’artifice fluo au milieu de la nuit. Derrière cette pépite électro-pop, il y a une Londonienne insaisissable, qui ne laisse rien au hasard : de l’écriture à la prod, jusqu’aux visuels qu’elle signe elle-même. Résultat : un son brillant et un refrain qui colle à la tête comme une dernière rave avant la rentrée. Peskimo ne cherche pas à plaire, elle impose son univers, vulnérable et tranchant à la fois, comme une caresse qui pique un peu. Bref, si l’été avait besoin d’un générique final, il aurait déjà trouvé sa bande-son.

Jesse Creatchman « Heat Of The Summer Night » // Canada

On reste accroché au souvenir de l’été, mais on change d’ambiance, avec la chaleur du dernier titre de Jesse Creatchman, « Heat of the Summer Night ». Ici, pas de Moog en orbite ni de glitter en overdose : on parle de rock moite, celui qui colle à la peau et sent la fumée des bars encore ouverts à 3h du mat’. Mélodie tendue, parfum eighties assumé, et ce grain de voix qui oscille entre la confidence fragile et le cri électrique — Creatchman balance un vrai hymne de fin de saison. Derrière lui, l’ombre de Bright Eyes, un clin d’œil à Wilco, et la rage tendre d’un Ryan Adams sous néons montréalais. Bref, le genre de morceau qui transforme une nuit d’août en éternel générique de film — celui où tu ne sais pas si tu veux rentrer ou brûler encore un peu dans la chaleur de la ville.

Grandbrothers « Where Else » // Allemagne

Avec « Where Else », Grandbrothers arrêtent de jouer les professeurs de piano pour enfin faire transpirer la salle. Fini les concerts assis où l’on se gratte la barbe en hochant la tête : ici, le duo colle un quatre temps sec, des nappes de synthés en spirale, et ce piano métronomique qui balance comme une boîte à rythmes sous acide. Né de la scène, pensé pour la scène, ce titre sonne comme une réponse directe à l’énergie des foules debout qui réclament plus qu’une élégante démonstration de virtuosité. Grandbrothers ne renient pas leur patte texturée, mais la tirent franchement vers le club, avec cette intensité hypnotique qui donne envie de fermer les yeux, de lever les bras et de se demander, justement : Where Else on pourrait être mieux qu’ici ?

Inwards Free Flow // UK

Avec Free Flow, Inwards ne cherche pas à écrire la grande symphonie électronique du siècle, mais plutôt à piéger ces instants où l’on arrête enfin de se demander ce qu’on fout là. Improvisations brutes, boucles qui se tordent comme des chemins de forêt, voix d’écoliers français recyclées en mantra technoïde, souffle du vent et battements de machines qui claudiquent — Kristian Shelley transforme le hasard et les accidents en matière première. Ici, pas de surproduction léchée ni de beat calibré pour TikTok : juste l’art de se perdre, de flotter, de se laisser happer par un groove qui respire plus qu’il ne frappe. Un disque qui ne prétend rien résoudre, mais qui sait créer l’espace où tout peut enfin se relâcher.

Matt Wilde « It’s Ok, Feel It » & « Everyday Words // UK

Matt Wilde, lui, n’a pas besoin de longs discours pour faire comprendre que son jazz n’est pas une relique poussiéreuse coincée dans un club enfumé des années 50. Avec « It’s OK, Feel It », il balance un groove aussi élégant que physique, où les kicks claquent comme dans une rave liquid, et les claviers coulent comme un verre de gin tonic trop cher dans un bar de Manchester. Puis vient « Everyday Words », ironie délicieuse d’un morceau sans paroles qui dit pourtant tout : phrases mélodiques simples, harmonies tordues et cette urgence tranquille qui reflète nos conversations quotidiennes — celles qu’on rate, celles qu’on retient. Deux morceaux qui prouvent que Wilde sait faire bouger les corps autant que cogiter les têtes, sans jamais tomber dans la caricature “jazz fusion”. Bref, du jazz qui vit, qui transpire, et qui refuse de demander la permission.

Vejslev/Brunbjerg/Elhøj & Rudi Mahall « Ask Me now » // Danemark, Allemagne

Avec « Ask Me Now », le trio nordique Vejslev/Brunbjerg/Elhøj et le clarinettiste déjanté Rudi Mahall s’attaquent à Monk avec l’élégance bancale d’un funambule qui préfère danser plutôt que marcher droit. Le swing est tordu, le groove vacille exprès, et la mélodie se prend les pieds dans le tapis avec un charme irrésistible. Là où tant de reprises de standards se contentent de cirer la statue, eux la font tituber avec humour, mauvais esprit et une dose de punk nordique. Mahall, lui, souffle comme s’il essayait d’expliquer une blague absurde à un public déjà hilare. Résultat : un jazz qui boite, qui ricane et qui, paradoxalement, tient debout mieux que beaucoup d’autres.

Eydís Evensen « Challenger Deep » // Islande

Avec « Challenger Deep », Eydís Evensen plonge là où personne n’a envie d’aller : tout au fond, dans les abysses sans lumière. Mais au lieu d’y ramasser des angoisses poisseuses, elle y trouve un éclat inattendu, une respiration en majeur qui tranche avec le cliché du piano nordique en mode spleen permanent. Écrite à la va-vite, en retard pour un rendez-vous de janvier – le mois où même le soleil islandais se planque – la pièce tire sa force de cette fulgurance accidentelle. On croit d’abord sombrer, puis on réalise que même au plus bas, il reste une lueur, fragile mais têtue. Pas de pathos sucré, pas de mièvrerie new age : juste l’art de transformer l’obscurité en miroir, et de rappeler que la beauté est parfois là où ça fait peur.

Dustin O’Halloran « Red » // USA

Avec « Red », Dustin O’Halloran nous rappelle qu’un piano peut faire plus de dégâts qu’un orchestre entier quand il se contente d’aller droit au cœur. Pas d’arrangements mielleux, pas de surproduction pour caresser Spotify dans le sens du poil : juste une impro captée en une seule prise, dans son studio de Reykjavík, avec cette intensité fragile qui ne pardonne pas l’erreur mais sublime le moment. Après « Gold », et en attendant « Blue », ce Chromatic Sessions ressemble à une trilogie intime où chaque note devient couleur, lumière, tension. O’Halloran, qui sortait l’an dernier un disque conceptuel sur la conscience à l’ère de l’IA, choisit ici la nudité radicale. Un piano, un micro, et ce rouge incandescent qui brûle encore longtemps après la dernière note.

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