Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !
Tim Carr « Pleasure Drives » // USA
C’est le genre de chanson qui débute comme un bain tiède mais finit par te coller une montée sensorielle sans prévenir. Avec « Pleasure Drives », Tim Carr, batteur pour les autres (Perfume Genius, Hand Habits), mais rêveur en solo, t’invite à lâcher ton agenda Google pour dériver quelque part entre les souvenirs VHS d’un road trip imaginaire et la BO d’une boîte de nuit qui aurait trop regardé Drive. Synthés veloutés, basses souples, orgues célestes et beats qui palpitent comme un cœur en club à 3h du mat : ici, pas de productivité, que du flou lumineux et une envie de s’oublier un peu. Carr débranche le cerveau et rallume les sensations, dans un élan d’hédonisme tranquille qui sent bon le bitume chaud et la nostalgie d’un monde d’après qui n’est jamais venu.
Shabason, Krgovich, Tenniscoats « Our Detour » // Canada, Japon
Il y a des détours qui valent tous les itinéraires. « Our Detour », c’est le genre d’escapade musicale qu’on ne planifie pas, mais qui vous tombe dessus comme une pluie tiède un soir d’été à Kobe. Joseph Shabason, Nicholas Krgovich et les doux rêveurs de Tenniscoats se croisent au Japon, improvisent deux répètes à la va-vite, et pondent un morceau suspendu, presque trop beau pour ce monde. Flottant entre bossa vaporeuse, pop impressionniste et jazz de salon désaccordé, le morceau a l’élégance floue d’une carte postale jamais envoyée. Rien n’est vraiment carré, mais tout est juste – un peu comme ces amitiés nées dans les couloirs d’un vieux ryokan.
Brava & Ron Mercy « ESTRAPÓN » // Espagne
On peut dire que si les deux précédents titres laissaient un flou volontaire envahir l’espace sonore, ici, Brava est… beaucoup plus précise et piquante ! Avec « ESTRAPÓN », elle range les vapeurs arty au placard, enfile ses gants de boxe en latex fluo et balance ses uppercuts en espagnol sur des beats ghettotech aussi secs qu’une claque dans un after moite de São Paulo. Flanquée du producteur de Miami Bass Ron Mercy, la tornade hispanique trace des diagonales entre grime, footwork et reggaetón sous acide, comme si la Mala Rodríguez avait décidé de mixer à 160 BPM. C’est méchant, c’est transpirant, et ça ne demande pas la permission pour retourner… pas que le club !
Rival Consoles « Soft Gradient Beckons » // UK
Rival Consoles revient jouer les cosmonautes sensibles avec « Soft Gradient Beckons », un titre qui plane quelque part entre une balade en orbite et une sieste sous morphine. Moins technoïde que ses envolées passées, ce morceau étale ses nappes comme un coucher de soleil vu depuis un cockpit brumeux, sans jamais vraiment décoller ni retomber. Le clip, peint à la main frame par frame par Anthony Dickenson, suinte la lente obsession artisanale : c’est beau, c’est lent, c’est introspectif — un peu comme regarder la peinture sécher, mais en version sublime.
Shrunken Elvis « An Old Outlet » // USA
« An Old Outlet », c’est un peu comme si un synthé s’était endormi dans une friperie de Nashville avant d’être réveillé par une transe kosmische et un solo de jazz mal peigné. Le trio Shrunken Elvis — moitié Nashville, moitié nébuleuse parallèle — s’autorise ici une divagation sonore entre ambient grésillant, fusion planante et claviers qui suintent l’étrangeté douce. Pas de refrains faciles ni de couplets bien repassés : juste des textures mouvantes, des intuitions tordues, et cette impression que quelqu’un a branché le câble d’un vieux ampli dans une prise qui mène droit dans la quatrième dimension.
Eydís Evensen « Eternal » // Islande
Sous ses airs de carte postale glacée, « Eternal » d’Eydís Evensen est surtout un petit requiem pour nos nerfs fatigués. Écrite au cœur d’un hiver islandais – donc un tunnel sans fin de nuit et de silence – cette ballade post-classique aligne des cuivres qui soupirent et un piano qui tourne en boucle comme un souvenir trop poli. Ça ne crie jamais, ça n’explose pas, mais ça serre doucement – comme ce spleen hivernal qu’on traîne jusque dans nos étés trop lumineux.
LOV « Relate » // Canada
Avec « Relate », LOV ne demande plus la permission. Fini les doutes en mode miroir cassé, elle renvoie la question à l’expéditeur : est-ce que toi tu mérites mon énergie ? Sur un groove soul taillé sur mesure par le Montréalais Connor Seidel, la chanteuse originaire du Saskatchewan déroule sa voix râpeuse comme une claque satinée à l’exigence patriarcale. Pas besoin d’en faire des tonnes, elle incarne la puissance tranquille de celles qui ont choisi de ne plus s’excuser d’exister.
Olivia Henry « Who’s That Girl » // USA
Olivia Henry sort les griffes sous ses gants de velours. Avec « Who’s That Girl », elle balance une ballade spectrale pour toutes celles qu’on a aimé dans le flou, mais qu’on a larguées à la lumière crue. Sa voix s’infiltre comme une confession chuchotée dans un miroir embué, avant de se faire plus ample, presque vénéneuse, quand elle raconte cette mascarade moderne : être portée aux nues pour une version fantasmée de soi, puis balayée quand le vernis craque. Piano, harpe, cordes live, tout est là pour donner un air de film noir à cette introspection élégante et lucide.
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