Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !
Beach For Tiger “I Don’t Wanna Stay” // UK
Sous ses airs de balade chill pour fin d’apéro bobo, “I Don’t Wanna Stay” de Beach For Tiger est un piège tendu avec élégance. Une basse groovy, des nappes moelleuses, une voix qui flotte comme un souvenir qu’on n’arrive plus à situer — tout est fait pour nous faire croire que la vie est douce. Mais en creux, ça sent l’adieu. L’adieu à l’insouciance, aux étés sans fin, à cette jeunesse qui fout le camp en douce pendant que tu danses, un verre tiède à la main. Ce n’est pas une chanson, c’est un vertige camouflé en groove. Et Beach For Tiger, eux, ne cherchent pas le tube facile : ils préfèrent suspendre le temps, brouiller les pistes, et planter le doute dans les corps qui se balancent.
Scott Klein “Paper Cigarette” // USA
Scott Klein allume sa “Paper Cigarette” comme on rallume une vieille histoire qu’on n’aurait jamais dû oublier : une mèche trempée dans le désir, le spleen et un soupçon de New Wave poussiéreuse. Écrit entre les pavés de Paris et les néons d’Austin, le morceau oscille entre la caresse et l’absence, entre une guitare qui tremble et une voix qui flambe à peine. C’est du Southern Gothic sous morphine, une ballade de fin de nuit où le charme est moite, le groove feutré, et l’élégance un peu sale. Un titre qui fume lentement, et ne laisse que des cendres bien stylées.
múm “Mild At Heart” // Islande
Onze ans de silence, et múm revient sans fracas, avec un souffle à peine perceptible. “Mild At Heart” ne cherche pas à séduire, encore moins à convaincre. Il s’écoule comme une larme qu’on n’ose pas essuyer : textures frêles, silences habités, micro-hooks dissous dans la brume. Le bric-à-brac électronique des débuts a laissé place à une épure désarmante, presque nue, presque rien… mais ce rien qui dit tout. múm n’a rien à prouver, et surtout pas à ceux qui confondent musique intimiste et musique d’ascenseur.
DANTCHEV:DOMAIN “The Rough Path” // Finlande, Bulgarie
Pas de flonflons inutiles, ni de cordes tire-larmes : avec “The Rough Path”, DANTCHEV:DOMAIN transforme l’épreuve en fanfare. Sous les cuivres bondissants et les rythmes bulgares bringuebalants, Anna Dantchev chante l’art de marcher la tête haute… même quand le sol se dérobe. Une chanson qui parle d’orage avec le sourire en coin, et qui jongle avec les citrons de la vie comme on jongle avec les mètres asymétriques du folklore balkanique. Pas besoin de poser des mots sur la douleur : elle est là, tapie sous la voix claire, domptée mais pas niée. Une ode à celles et ceux qui continuent d’avancer, même cabossés, même seuls, mais en musique.
Mary Middlefield “Summer Affair” // Suisse
Mary Middlefield fait voler en éclats la bienséance estivale avec “Summer Affair”, un tube indie-pop qui tire vers le rock et qui sent la crème solaire, l’insolence et le cœur à vif. Ici, l’amour n’est pas sage, il est bref, brûlant, bordélique — comme une danse en robe légère sous les vapeurs d’un spritz mal dosé. Entre Lausanne et Londres, la Suissesse a capturé le feu doux de la spontanéité : guitares juteuses, groove solaire, et une voix qui refuse de choisir entre fragilité et jubilation. Un titre comme un baiser volé : sucré, trop court, et parfaitement inutile… donc essentiel.
Slushii x Sapientdream “Needed Your Heart” // USA
Dans “Needed Your Heart”, Slushii range ses kicks de festival et sort enfin les tripes. Sous son alias Sapientdream, le producteur new-yorkais laisse l’EDM au vestiaire pour plonger dans une brume ambient à la Burial, avec ses nappes fantomatiques, ses battements irréguliers et cette voix lointaine comme une blessure qu’on murmure. Ici, pas de drop putassier ni de build-up pour TikTok : juste le poids du passé, des chaînes invisibles qui lâchent, et cette évidence lancinante — “to be free… you have to feel”. Une prod ciselée, douloureuse et magnifiquement inutile pour danser… quoi que… Bref, une claque introspective comme on en prend trop peu.
Florian Hope « Motions » // Suède
Avec “Motions”, Florian Hope ne réinvente pas la roue, mais il la fait tournoyer sous un soleil disco-funk aux reflets dorés. Un groove moelleux, un hook qui colle à la peau comme la crème solaire de 16h, de grosses et irrésistibles basses, et cette capacité à transformer la banalité d’un été urbain en petit slow moite et sucré. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est foutrement efficace : ça sent la peau chaude, les corps qui se frôlent, et les refrains qu’on chantonne sans y penser. Pas besoin d’aller chercher midi à Ibiza, “Motions” suffit pour faire danser l’envie.
Sternenton « Timeless » // Suisse
Et on clôture cette sélection de ce qui nous a plu dans le reste du monde avec « Timeless » de Sternenton, un morceau ambient si bien léché qu’on a presque peur de salir le silence en l’écoutant. Sous ses airs de nappe sonore new age, ce track planant venu de Zurich cache une précision d’orfèvre : basses profondes, textures diaphanes et battements suspendus qui donnent envie de dériver dans un vaisseau spatial en slow motion. Pas besoin de drop ou de climax ici — juste une boucle hypnotique, cinématographique, où le temps s’évapore comme une pensée qu’on n’arrive pas à formuler. Un morceau pour fuir la gravité — et peut-être soi-même.
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