Imaginez un festival de dub où l’entrée se fait par une grande porte tenue par King Tubby lui-même – et où, plutôt que de dépoussiérer ses cassettes comme des archéologues, Crate Classics et les Young Israelites préfèrent en réécrire la carte et le territoire. Leur nouveau morceau, “Dub Festival”, n’est pas une commémoration poussiéreuse du maître du dub, mais un détournement joyeux, insolent, presque punk : ici les samples de Tubby deviennent ballons de jonglage, lancés et rattrapés au vol par les producteurs londoniens, tandis que les voix roots des Young Israelites jouent les guides spirituels dans cette jungle de delays et de basses.
Car ne nous y trompons pas, les Crate Classics – Jamie Rodigan et Aaron Horn – ne sont pas des touristes. Ils savent manier le dub comme ils savent produire pour M.I.A. ou Disclosure, et ils ont compris que pour honorer Tubby, il faut le bousculer. Résultat : le morceau balance entre reggae classique, breakbeats plongé dans le jungle, et une basse qui ferait frémir les murs d’un soundsystem de Brixton. On croirait presque entendre Tubby sourire derrière sa table de mixage : “Allez-y les gars, découpez, bricolez, tant que ça tape et que ça groove.”
En face, les Young Israelites – trio passionné par le rocksteady des 60s et 70s – apportent l’authenticité reggae, cette voix qui fait vibrer le béton londonien comme si Kingston s’était invité au coin de la rue. Leur complicité avec Crate Classics n’en est pas à son coup d’essai : déjà, le remix de “Stay By My Side” avait planté la graine, et aujourd’hui le duo-producteurs et le groupe en récoltent la version XL, calibrée pour festival, avec des échos qui serpentent et des cuivres qui explosent en rafale.
“Dub Festival”, c’est la collision de deux écoles : le dub intemporel de Tubby, réinventé par la folie jungle londonienne, et le reggae fidèle des Young Israelites. Un titre qui ne cherche pas à “préserver” le patrimoine, mais à le propulser dans un soundsystem du futur.
Crate Classics « Dub Festival » :
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