Docteur Nico et l’African Fiesta Sukisa, la rumba à son sommet

Pour réchauffer notre hiver, le label belge Planet Ilunga n’a pas sorti un plaid. Il a sorti mieux : une anthologie monumentale dédiée à l’un des piliers absolus de la musique congolaise. Un guitariste hors pair. Un architecte du groove. Un sculpteur de silences et de notes. Nicolas Kasanda wa Mikalay… euh, Docteur Nico. Le vrai. Pas l’icône figée en noir et blanc, mais l’infatigable inventeur sonore qui a fait briller la rumba comme personne.

Docteur Nico Presents African Fiesta Sukisa 1966–1974 n’est pas une compilation nostalgique de plus pour collectionneurs à lunettes épaisses. C’est une remise en circulation sérieuse, documentée, assumée, d’un catalogue qui a façonné l’oreille congolaise, et bien au-delà. Planet Ilunga, fidèle à sa ligne exigeante, a travaillé main dans la main avec les enfants de Nico, notamment Liliane Kasanda, pour bâtir ce coffret 3LP (et version digitale enrichie) qui arrive quarante ans après la disparition du “dieu de la guitare”. Le timing n’a rien d’un hasard !

Entre 1966 et 1974, African Fiesta Sukisa devient le laboratoire le plus raffiné de Docteur Nico. Sukisa signifie “l’accomplissement final” en lingala, et le mot n’est pas là pour faire de la figuration. Nico y pousse son art à un niveau de précision presque insolent. Sa guitare ne bavarde pas, elle ne babille pas, elle parle juste. Elle sait quand entrer, quand se taire, quand suspendre le temps. Autour de lui, des voix majeures, celles de Chantal, de Sangana, d’Apôtre, de Mizele, ce Lessa Lassan, ce Josky, qui donnent chair à une rumba à la fois savante et populaire, cérébrale et profondément émotionnelle.

Ce que rappelle magistralement cette anthologie, c’est l’ampleur du geste musical de Nico. Guitare hawaïenne aux résonances aériennes, comping de piano transposé sur six cordes, imitation de la sanza jusque dans ses cliquetis métalliques, évocation du balafon luba… Nico ne joue pas de la guitare, il l’augmente. Son jeu devient “chopinien”, selon Audifax Bemba, avançant en adagio, chaque note habillée du son exact. Rien n’est gratuit. Tout est nécessaire.

Planet Ilunga ne s’est pas contenté d’aligner des titres. Le coffret inclut un livret dense, élégant, pensé par Alastair Johnston, avec commentaires, témoignages, photos inédites et récits de proches. Une vraie archive vivante, à l’opposé du folklore figé. Ici, la rumba lingala respire encore, circule, se discute, s’écoute comme une musique du présent.

Docteur Nico Presents African Fiesta Sukisa 1966–1974 :

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