Devotion & The Black Divine d’anaiis, dans l’intimité d’une renaissance

Comme toujours avec anaiis, tout est rond, souple, soyeux. On flotte, on plane. Et puis parfois, on s’accroche à un angle — une batterie qui gronde, une basse qui râpe — mais aussitôt, la voix de la chanteuse franco-sénégalaise vole au secours de cet accroc : elle embaume de soul, enrobe de douceur, borde les arêtes, berce d’un souffle tendre. C’est heureux, car Devotion & The Black Divine est un album entièrement tourné vers la maternité, vers cette lente et bouleversante traversée où la douceur n’est plus un luxe mais un instinct vital. Et quand ce n’est pas la voix d’anaiis qui panse les plaies, c’est une nappe de clavier qui se détend, un nuage de dub qui se pose, une basse ronde qui s’enroule autour du silence comme une berceuse électrique.

Enregistré à Londres, en live-to-tape, ce disque sent la spontanéité, le lâcher-prise, la vérité nue. Ici, pas de polissage clinique : Devotion & The Black Divine respire, transpire même, un souffle d’humanité, de fatigue, d’amour, de foi. La maternité, chez anaiis, n’est pas un thème sentimental, c’est une école de grâce et d’acceptation. Elle apprend à composer avec l’inconnu, à danser avec le doute, à laisser la vie — et la musique — s’écrire dans l’imprévisible.

Depuis Before Zero (2018) jusqu’à This Is No Longer a Dream (2021), anaiis a fait de la vulnérabilité un territoire artistique. Mais ici, elle pousse plus loin : elle ne raconte plus la douleur, elle la transmute. Dans « Moonlight », elle s’adresse à son double plus jeune, à toutes celles qui doutent, qui se cherchent : “Black, and you know how to walk in your power.” Dans « Here Comes the Sun », elle confie la solitude du changement, le cri discret des mères dans la nuit. Et dans « My World (Beyond) », elle célèbre enfin la naissance, non, pardon, la renaissance — “My world revolves beyond me.”

Tout au long du disque, la soul s’étire, le reggae murmure, le RnB se fait spiriuel et introspectif. Devotion & The Black Divine n’a rien d’un manifeste : c’est un journal intime chanté à voix basse, un rituel de réconciliation. anaiis y parle d’elle, mais aussi de nous — de cette humanité qui titube entre tendresse et chaos, entre amour et vertige. Un disque rond, oui, mais qui tourne juste assez pour nous donner le tournis.

anaiis Devotion & The Black Divine :

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