Devantier Rain et Tamaraebi dévoilent leur intime Monster

Sous les néons tamisés d’une soul psychédélique, entre un piano suspendu dans le vide et des soupirs électriques, « Monster » de Devantier Rain et Tamaraebi surgit comme une confession chuchotée dans le noir. Premier éclat du projet Melatonin, ce titre est moins un single qu’un état d’âme, un vertige sonore où les émotions se diluent dans une atmosphère vaporeuse, à la frontière du rêve éveillé et du chagrin contenu.

Né entre les murs d’un home-studio berlinois et ravivé à Londres par la voix spectrale de Tamaraebi, « Monster » est de ces morceaux qui se construisent par l’absence, le silence, le manque. Devantier Rain, caméléon germano-camerounais à la croisée du RnB introspectif, du rap murmuré et de la soul expérimentale, y sculpte l’espace avec une sobriété rare : une ligne de basse hypnotique, des nappes analogiques, un beat à peine effleuré. Tout ici respire la délicatesse, la retenue, la tension érotique d’un regard qui se détourne.

Tamaraebi, lui, arrive comme un écho venu du fond des années 80. Sa voix haut perchée, flottante, a ce grain désarmant qu’on retrouve chez les D’Angelo ou les Sade période Love Deluxe ; une sensualité un peu fiévreuse, presque liquide, qui donne au morceau une tournure de slow cosmique. Il y parle de chaos, d’abandon, et d’un monstre intérieur qu’on apprivoise à force de solitude. On pense à l’esthétique de la quiet storm, à ces instants où l’âme se défait lentement dans un souffle de funk langoureux.

Avec « Monster », Devantier Rain signe une ode à l’intime cabossé, à la tendresse en ruine. C’est une ballade de l’ère post-genre, où le RnB se gorge de mélatonine et de spleen, et où la voix humaine devient instrument de dérive. Une pluie douce sur le béton. Un murmure pour les insomniaques du cœur.

Devantier Rain & Tamaraebi – « Monster » :

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