On vous en avait déjà présenté des pans ces derniers mois, des éclats, des miettes brillantes, des avant-goûts qui faisaient saliver, et voilà que Melatonin, le projet complet du germano-camerounais Devantier Rain, est enfin sorti, chez les allemands du lekker collective. Et quel plaisir, vraiment. On y retrouve ces guitares électriques qui s’étirent comme un soleil couchant des années 80, ces nappes vintage qui sentent le passé fantasmé, avec un brin de nostalgie assumée, et bien sûr cette voix en clair-obscur, toujours en équilibre, toujours prête à glisser d’un hip-hop posé, alternatif même, à cinquante nuances de RnB bien texturé, et en allant parfois même taquiner cette pop un peu grasseyante, quelque part entre Prince, Steve Lacy et Kwaye.
Avec Melatonin, Rain ne joue pas au petit chimiste, il joue à la vérité, à la vulnérabilité qui mord un peu, aux confidences qui transpirent le vécu. On passe du journal intime de “Monster” (où Tamaerebi vient souffler sur les braises) à la tension presque théâtrale de “Conservative Inc.” (avec une kiana aussi tranchante qu’un verre cassé), puis à la douceur afro-infusée de “Phantom of the Drama”, qui sonne comme un pont jeté entre Berlin et Douala.
Rain, c’est ce type qui arrive à Berlin avec des influences jazz, RnB, hip-hop, afro, et qui met tout ça dans une shaker pour en sortir un son qui a la décence d’être à la fois brut, élégant, et sacrement personnel. Son Melatonin n’est pas un album qui se contente de “plaire” : il raconte, il pose ses bagages, il bouscule un peu, il se confesse, il s’éclaire, et il se frotte à ses contradictions. Devantier Rain n’apporte pas juste un album. Il apporte un langage. Un état. Une façon de tenir debout entre le chaos et la tendresse.
Devantier Rain Melatonin :
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