On pensait connaître D4wn, ou D4wnatello pour les intimes, comme ce rappeur canadien-nigérian au flow souple et à l’élégance percutante. Mais avec « Fraulein », son dernier single en duo avec CHXXX, il nous offre bien plus qu’un banger de plus : un coup de griffe romantique, un aveu acide, un spleen qui groove. Le genre de morceau où l’on avance, tête baissée, dans une histoire trouble qu’on a pourtant vu venir.
Dès les premières notes, c’est un piano qui claque comme un coup de feu dans un clip de Kendrick ou de Muzi, suivi d’un beat épais, moite, qui ferait frémir même les collines bien gardées de Cypress. Et quand D4wn entre en scène, c’est avec cette voix trainante, insolente, pleine de charme et de menace douce :
« Fraulein ! Don’t make me reason you on my down time… »
C’est à la fois une mise en garde et une invitation. Un désir qu’on garde en laisse, mais qui s’échappe en rimes.
Les couplets sont ciselés comme des aphorismes de lover désabusé. Entre deux piques, D4wn balance des lignes de pur brag :
« The boy too fly like Emirates… Chicken change, I touch down to save the human race ».
Mais il y a aussi la tendresse cachée sous les punchlines, les blessures qu’on maquille sous le vernis du flow. C’est là que CHXXX entre en scène, avec un couplet qui tempère et sublime, dans une alchimie rare. Leurs deux voix se mêlent, se frottent, s’élèvent. On sent les heures de studio, les sessions l’âme à vif, les 10 000 heures de maîtrise évoquées dans le texte.
« Fraulein » n’est pas qu’un titre à écouter en voiture vitres baissées ou sur une scène enfumée. C’est un morceau qui parle de désirs contradictoires, de passion non-dite, d’égos cabossés mais debout. Un rap sentimental mais jamais naïf. Une ode à ces histoires où le plaisir flirte avec le péril, où la mélancolie s’habille en soie noire.
Avec « Fraulein », D4wnatello prouve qu’il est un conteur de son époque : à l’aise entre Toronto et Lagos, entre piano et 808s, entre séduction et solitude. Un titre aussi classe qu’une montre à deux cadrans, aussi précis qu’un cœur qui bat encore, malgré tout.
D4wn & CHXXX – « Fraulein » :
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