Il y a des artistes qui surgissent comme des météores. Et puis il y a ceux, comme Ckay, qui laissent le temps faire son œuvre, distillant leur musique comme on infuse un thé rare : avec douceur, patience, et une pointe d’amertume sucrée. Six ans après Ckay the First, EP devenu culte à retardement grâce au raz-de-marée planétaire de “Love Nwantiti”, le chanteur nigérian revient poser sa voix de velours sur Ckay the Second, un projet en forme de miroir, d’introspection et de réaffirmation artistique.
Entre-temps, Ckay est devenu un nom incontournable de l’émosphère afrobeat. Huit fois disque de platine, pionnier discret mais fondamental de l’internationalisation du genre, collaborateur de Davido ou de Janelle Monáe, il avance dans l’ombre de sa propre légende, souvent salué à demi-mot, jamais totalement couronné. Ce nouvel EP sonne donc comme un rappel. Non pas un retour aux sources, mais un retour à soi : Ckay y pousse plus loin encore sa quête de sincérité musicale, mêlant instrumentation live, harmonies délicates et cette sensibilité romantique qui fait sa signature.
Plus qu’un simple prolongement de son premier opus, Ckay the Second est un disque de transition : entre le gamin autodidacte de Kaduna qui chantait dans les chorales, et l’artiste accompli qui désormais façonne ses morceaux à l’instinct, entre émotion brute et maîtrise technique. Le groove est toujours là, mais teinté de mélancolie, d’élégance discrète. Le tempo est ralenti, la parole libérée. Une musique pour les cœurs tendres, mais solides.
Ckay ne cherche pas à en faire trop. Il cherche à toucher juste. Et dans un paysage sonore souvent saturé, son retour fait l’effet d’une caresse sur une cicatrice. Ckay the Second n’est pas une révolution. C’est un rappel, nécessaire, que l’afrobeat peut aussi parler tout bas, sans cesser de faire danser.
Ckay – Ckay the Second :
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