Chanter sous les drones, Wings Over Wires ou l’art comme résistance

À la base de Wings Over Wires, il y a ce qui ne peut être dit. Le beau, ici, naît dans l’indicible. Dans l’horreur brute de la guerre. Dans le génocide perpétré par Israël à Gaza. Une horreur qui, l’espace d’une chanson, d’un bourdon, d’une note tenue contre le ciel, se fissure. Pas pour disparaître. Pour être regardée droit dans les yeux. Et transformée.

Tout commence par une vidéo. Une de celles qu’on scrolle trop vite avant qu’elle ne vous happe. À Gaza, sous un abri de fortune, un professeur de musique, Ahmed Muin Abu Amsha, demande à ses élèves d’écouter. Pas une mélodie. Pas un instrument. Le bourdonnement continu des drones israéliens. Il identifie la note. Si bémol. Alors il fait chanter les enfants avec le drone. Pas contre. Avec. L’arme devient bourdon. La menace devient matière sonore. La peur, un point de départ.

Cette séquence, virale, obsédante, terrible, ne lâche plus le producteur tunisien Hmenou. Impossible de faire autre chose. Impossible de composer sans elle. Le respect prime sur le réflexe de producteur. Il contacte Ahmed. La discussion est belle, simple, humaine. Le projet s’ouvre. Puis il s’élargit. Pourquoi rester seul quand une région entière peut répondre ? Pourquoi ne pas inviter la scène SWANA à dialoguer avec ce chant né sous surveillance militaire ?

Ainsi naît Wings Over Wires, compilation caritative sortie sur le label marseillais Gros Œuvre. Treize, quatorze artistes selon les éditions, tous confrontés au même point de départ, cette voix collective de Gaza. DnB, dubstep, bass music, formes expérimentales, chaque morceau trace une trajectoire différente, sans jamais effacer l’origine. Kasbah, Mettani, Acidfinky, Syqlone, GoodMostlyBad et les autres n’illustrent pas la souffrance ; ils la reconfigurent. Ils refusent le silence poli.

Hmenou signe « Shala Yousheel », pièce centrale et inconfortable. Le morceau avance du dubstep vers la jungle, injecte sirènes, pales d’hélicoptères, alarmes. Le drop ne soulage pas. Il expose. La bass music redevient politique, sans slogan, sans posture. Juste une transformation du réel en rythme. Une catharsis sèche.

Wings Over Wires relie deux mondes qui préfèrent s’ignorer : les camps de déplacés de Gaza et le dancefloor. Tous les revenus soutiennent Gaza Birds Singing, le collectif fondé par Ahmed, qui offre aux enfants déplacés un refuge sonore, un espace pour chanter la vie, la liberté, l’obstination d’exister.

VA Wings Over Wires :

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