Il a la voix d’un vieux moteur diesel et le flow d’un jeune chien affamé : Brian Jeck, alias Zimdrillking, continue de creuser son sillon rugueux dans le bitume déjà bien fissuré de la scène drill zimbabwéenne. Et avec « Hupenyu », il prouve qu’on peut encore forer droit dans le crâne tout en parlant… de patience. Oui, de patience. Cette denrée rare qui ne figure généralement pas dans la trousse à outils des rappeurs drill, davantage obsédés par l’instantané que par l’élévation lente.
Mais ici, Brian Jeck fait le pari du calme au cœur du vacarme. Pas question de faire de la drill une méditation transcendantale – faut pas pousser – mais plutôt un rappel entêtant que « les choses changent », que « hupenyu » (« c’est la vie ») ne rime pas toujours avec défaite. Le morceau frappe sec, froid, tendu comme une mâchoire sous tension. Les basses, elles, ne marchent pas, elles écrasent. Et sous ce poids, Brian laisse filtrer une sagesse rugueuse, une espèce de stoïcisme de banlieue d’Afrique australe, à mi-chemin entre Makokoba et Mbare.
Le flow, lui, reste sec et précis, façon rafale dans une ruelle. Pas d’effet de manche, pas d’auto-tune façon sirupeuse : juste la certitude grave que les jours mauvais finiront bien par tourner. C’est brut, c’est franc, c’est drill. Mais c’est aussi une forme d’espoir un peu cabossé qui roule à bas régime sous le capot.
Avec « Hupenyu », Brian Jeck n’adoucit pas sa musique – il lui injecte juste un peu de lucidité. Et à force de manier le marteau-piqueur avec philosophie, le Zimdrillking pourrait bien finir par régner au-delà de son code postal.
Brian Jeck « Hupenyu » :
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