Non, ici ne vous attendez pas à une resucée du hit de Saïk et Methi’s. Le “An Ba Soley” qui inonde nos enceintes c’est celui de la chanteuse martiniquaise Maleika, et les plus affûtés auront déjà reconnu cette voix grave qui plane depuis quelques années sur les scènes nu-soul de la Caraïbe et de la Métropole… et on ne dit pas ça pour frimer, car dès 2020, elle traînait déjà dans nos colonnes. Aujourd’hui, après avoir écumé les planches d’ici, de là-bas, et d’entre les mondes, l’actrice-chanteuse-poétesse sonore a enfin décidé de laisser éclore son premier projet solo. Un album baptisé Konkera, prévu pour mars prochain, un territoire plus qu’un disque, une arme de beauté massive. On y retrouvera “Certified Fanm Djok”, paru il y a quelques mois, mais aussi “An Ba Soley”, dont le clip vient de paraître.
Sur ce morceau, Maleika s’offre en noir et blanc, dans la vidéo, dans la texture de sa voix, dans l’ossature même de la production. Pas de fioritures, pas de chichis, juste une vérité nue qui claque comme un tambour bèlè qui rêve de hip-hop alternatif. Elle glisse du spoken word à une soul un brin acide, avec une liberté de ton héritée autant des livres de Césaire que des cassettes de Badu… Erykah Badu. Le lien de tout ça ? Le soley, bien sûr, mais aussi ce petit gimmick de piano, irrésistible, presque effronté. Un fil mélodique qui souligne les rimes, escorte les réflexions, et cueille l’auditeur sans prévenir.
“An Ba Soley” est un constat politique brûlant, un soupir social, un désir d’émancipation emballé dans une poésie martiniquaise qui ne demande ni validation parisienne ni label à paillettes. Maleika y convoque les visibles et les invisibles, les mémoires insurgées, les fantômes du post-colonial et les rêves du black future. Elle tisse créole, français et anglais comme on dresse un autel, avec gravité mais sans trembler. Konkera arrive. Le soleil se lève.
Maleika « An Ba Soley » :
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