C’est avec facilité et envie qu’on entre dans la Balani Factory de Praktika, faut dire que, déjà, sa consultation avec le « Dr. Balafon » sorti aux prémices de ce second album nous avait causé quelques fortes émotions !
Dans cet album, érigé en usine à son et à balafon, emblématique xylophone ouest-africain, on déambule dans des couloirs où se côtoie grosses machines aux sons mécaniques et lourds, et le lancinant martèlement des lamelles des balafons, ceux, respectivement burkinabés et maliens, d’Innocent Kimpé et de Lansiné Kouyaté. On erre dans l’ivresse des beats et des percus, celles du batteur ivoirien Sly A10, jusqu’à se faire happer par les scansions griottiques et les chants inspirés de Dafra Keita et Jahelle, jusqu’à se faire happer par les envolées aériennes de synthés répétitifs…
En fait, pour tout dire, avec cette Balani Factory, Praktika réussit à nous perdre, aussi bien dans le temps que dans l’espace. En à peine quelques minutes (si écouté dans des conditions appropriées), le disque nous fait nous interroger sur là où on est… bon, bien sûr, on est sagement dans notre salon, ou dans la rue, ou le métro avec son casque soigneusement vissé sur les oreilles, mais tout de même… À tout moment on s’attend à voir un de ces danseurs panthères sénoufo débarquer dans un bond et exécuter son boloye, là, entre la table basse et le guéridon… À tout moment, au tournant, là, au coin de la rue, on s’attend à voir se soulever la poussière rouge d’un de ces bals de rue que les maliens savent organiser, les fameux balani show, dont l’ombre plane sur le disque. À tout moment, les lumières répétitives qui défilent derrière les fenêtres du métro peuvent se transformer en un jeu de light stroboscopique et acide qui nous plonge dans un underground, berlinois ou de Détroit, de Bamako ou de Korhogo… oui, à tout moment !
Praktika – « Balani Factory (ft. Lansiné Kouyaté) » :
Praktika – Balani Factory :
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