Black Encyclopedia of the Air de Moor Mother, qui vient de sortir chez Anti- Records est à n’en pas douter un de ces disques dont il est dur de parler, et encore plus durs à définir, c’est pourquoi, ici, dans ces pages, nous allons tenter de vous en délivrer quelques impressions tout en en vous laissant le soin de vous plonger dans les pages musicales de cette encyclopédie, et de vous laisser happer par les mots et les sons.
Déjà, il faut dire que comme avec presque toutes les œuvres de l’artiste originaire de Philadelphie (USA) Camae Ayewa, a.k.a Moor Mother, on fait face à une éruption poétique plutôt qu’à un simple disque. Car si on peut ranger ce Black Encyclopedia of the Air dans notre rayon hip-hop, au côté de ceux de Nas ou de Saul Williams, il trouverait également sa place dans celui dédié à la musique expérimentale, et même au côté de Billie… Holiday bien sur, sur nos étagères étiquetées jazz… et à vrai dire, si vous le rangiez dans votre bibliothèque coincée entre les Alcools de Guillaume Apollinaire et un recueil de Edward Kamau Brathwaite, que là encore ce choix de rangement ne serait pas forcement à remettre en cause ! Mais, assez parlé classement, vous avez compris notre propos, Moor Mother appartient autant aux mondes de l’électronique, du hip-hop, du jazz qu’à celui de la poésie !
Et sur cette Black Encyclopedia of the Air de Moor Mother, elle suspend des mots, elle accroche des ambiances, tisse un ouvrage électronique complexe, qui a en son centre le rayonnement des diasporas dites afro, le monde noir américain, celui de Philadelphie, celui de ce sud des États-Unis qui vit encore des heures moyenâgeuses, et un afrofuturisme qu’il serait peut-être même juste d’appeler futurisme tout court. Les cliquetis électroniques se mêlent à des violons métis, et des percussions qui si elles ont perdu leurs tribus outre-Atlantique, n’ont pas perdu la cadence qui les animent, les beats qui tranchent, qui chaloupent, qui assènent, et puis page après page, cette aérienne encyclopédie nous dévoile non seulement un vocabulaire musical et poétique nouveau, mais également quelques noms propres, venus apporter leurs concours à cet ouvrage aussi curieux que passionnant.
Moor Mother – Black Encyclopedia of the Air :
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