Ils venaient de la rue, et c’est dans la rue qu’ils ont forgé leur légende. Dans les artères vibrantes de Tembisa, entre Johannesburg et Pretoria, là où le béton respire au rythme du pantsula, Moskito a vu le jour en 2001. D’abord crew de danseurs en transe, ils sont vite devenus groupe culte de la scène kwaito sud-africaine. Et aujourd’hui, près de deux décennies après leur dernier coup d’éclat, les vétérans de la vibe township font leur retour avec un projet de réédition de leur premier album qui résonne comme un écho du passé tendu vers le futur : Idolas.
C’est l’histoire d’un come-back à hauteur d’homme et de beat. Mahlubi “Shadow” Radebe et ses comparses n’ont jamais oublié les coins de rue où tout a commencé — deux radios cassette, un beat volé, et un micro pour faire entendre leur voix. De là, entre flow nonchalant, basslines épaisses et rimes qui claquent comme des slogans, est née une série d’albums qui ont mis le feu aux ghettos d’Afrique australe ! Mais Idolas n’est pas un simple retour nostalgique : c’est une introspection, un laboratoire, un manifeste, un manifeste habillé par les textures brutes du kwaito, et habité par l’esprit des townships.
Les beats sont posés, les claviers de Tshepo “Nyamazane” Naapo s’échappent parfois vers des territoires plus électroniques, les voix y sont habitées par l’histoire. Il y a des morceaux qui pulsent et il y a une mélancolie diffuse, un groove qui regarde autant vers la rue que vers l’âme. On pense parfois à Mandoza, à Trompies, bien sûr, mais on devine aussi l’empreinte d’une soul plus profonde, d’un héritage plus large que le kwaito : celui d’une culture qui a su transformer l’adversité en art.
Idolas, c’est l’île où accoste un groupe qui n’a jamais vraiment disparu, mais que le monde avait cessé d’écouter. C’est aussi une promesse : celle que même en marge, même à distance, le son de Tembisa continue de battre. Pour les anciens, pour les curieux, pour les nouveaux venus, Moskito livre ici un chapitre essentiel, entre mémoire et réinvention.
Moskito – Idolas :
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