Les Zanmi, les trompettes de Jerico sonnent aux portes de Run That

Des nuages électroniques s’amassent au-dessus de Run That le premier EP, qui inaugure aussi le label Moonshine (créé par le collectif du même nom), du jeune DJ et producteur montréalais d’origine haïtienne Jerico ! Si les amateurs du genre auront déjà aperçu le nom de Jerico sur des mixtapes de qualité, ou des flyers de soirées, notamment au côté d’autres noms, comme celui de Pierre Kwenders, de la bouillonnante nouvelle scène québécoise, les néophytes le découvriront avec plaisirs sur ce premier EP.

Sur les quatre titres qui constituent ce Run That, les trompettes de Jerico font fortement vibrer les boomers de nos enceintes, et abattent quelques cloisons entre genres musicaux ! Empruntant au baile funk brésilien autant qu’au dancehall, cisaillant les contours du Bmore, réconciliant rap kreyol et musique électronique, saisissant au rebond un air de bounce music, Jerico métisse, malaxe, et mélange une matière sonore qui tressaille sous les coups des synthés, des basses, et des kicks.

Sur « Zanmi », premier titre de l’EP, il cisaille et créolise un morceau de baile funk à grand renfort de synthés. Puis, il s’envole sur le bounce des répétions entêtantes de « Run That ». Et, s’il aime malmener les sons, les bruits, dans un chaos qui retombe en fin de compte toujours sur le beat, Jerico s’amuse aussi à convoquer ce qui semble s’apparenter à des chants orthodoxes sur « Li Do » avant de conclure en beauté l’EP avec les violons électroniques planants de « Zanj ».

Donc pour résumer, laissez tomber la bataille de Jéricho pour celle de Jerico, qui, au-delà de ce très bon petit Run That, semble avoir encore fort à dire ! Et garder un œil, ou plutôt une oreille attentive du côté des parutions québécoises de Moonshine ne semble pas une mauvaise idée !

Jerico – Run That :

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