L’instant Vinyl : 79. “L’Archange Du Manding – L’Éternelle” de Kadé Diawara

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyle », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques de notre collection. Et pour ce soixante-dix neuvième opus, nous quittons le Mali (cf. l’instant vinyle n° 78), pour traverser la frontière de Guinée, et y découvrir la cassette L’Archange Du Manding – L’Éternelle de Kadé Diawara.

Après quelque temps d’absence, nous revoilà à parcourir les routes tracées de sillon en vinyle, ou plutôt devait on dire ici sur les chemins de rubans magnétiques des cassettes, qui ont fait l’histoire musicale de l’Afrique. Et pour ce retour, on n’a pas ménagé notre peine, et l’on vous a sélectionné une œuvre grandiose, la cassette L’Archange Du Manding – L’Eternelle, de la chanteuse guinéenne Kadé Diawara. L’une des plus belles voix de Guinée, et des terres mandingues.

Cette chanteuse qui a connu son heure de gloire dans les années 70, et qui fut l’une des artisanes de la bande-son de l’indépendance guinéenne, elle fut d’ailleurs membre de l’Ensemble instrumental de la radiodiffusion nationale, et chantera l’hymne national pour le président. Elle chantera d’ailleurs de nombreux éloges du pouvoir et de Sekou Touré, ce dernier ayant compris que la construction d’un état ne peut se faire sans la culture… et si l’on peut critiquer de nombreuses manières le père de la nation guinéenne, on peut ici tout de même espérer que beaucoup de nos dirigeants contemporains puissent en prendre de la graine !

Mais existe-t-il de grands destins, et de grandes femmes, sans souffrance au moins à la hauteur de leurs talents ? Durant toute une décennie, celle des années 80, Kadé Diawara disparu totalement des ondes, et ne produisit rien… d’aucuns racontent que c’est là le fruit d’une sorcellerie, un sort jeté par des chanteuses concurrentes qui jalousait la fluidité et la puissance de sa voix.

Et, alors qu’on l’a pensait disparue, finie, terminée… au tournant des années 90, Kadé revient sur le devant de la scène, avec… une cassette, celle qui nous intéresse aujourd’hui, L’Archange Du Manding – L’Eternelle. Et quelle cassette ! Six titres dans la plus pure tradition mandingue, ou l’on redécouvre avec plaisir que sa voix n’est pas disparue, pas finie, pas terminée.

Ultime rebondissement, plus triste celui là, alors qu’elle aurait pu repartir pour une carrière grandiose, être le trait d’union vivant entre la tradition mandingue et la Guinée moderne de la jeunesse, Kadé Diawara sombre à nouveau dans l’oubli, mais la ce n’est pas la sorcellerie, c’est la galère, les difficultés financières, et la misère, qui la submerge. Son protecteur, Sekou Touré, n’est plus, et les dirigeants guinéens d’aujourd’hui ne comprenne pas l’intérêt de subventionner la culture, pour eux, comme pour beaucoup, il n’y a rien d’autre que l’économie qui prime, l’économie et ses pots-de-vin.

En 2014, des journalistes guinéens ont retrouvé la diva mandingue, elle vit dorénavant en banlieue de Conakry, subvient à ses besoins en se produisant dans des mariages et des baptêmes, ou en mendiant… mais envisageait, malgré la galère, les difficultés financières, et la misère, de sortir un album pour aider le pays avec la crise d’Ebola qui sévissait alors, peut être est-ce là une preuve de son infatigable fougue de musicienne que rien n’abat, celle de l’éternelle Kadé Diawara.

 

Kadé Diawara – L’Archange Du Manding – L’Eternelle :

Tracklist :
1. A M’Boh
2. N’Madjéné
3. Gati
4. Super Bélébélé
5. Foteban
6. M’Masiréba

 

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