La nuit tombe sur New York, et on allume les feux et les torchères devant les tentes et les buildings, il y a un vent du désert qui vient faire trembler les lumières hallucinées de Time Square ou de Brooklyn, dans le brouhaha de la mégapole américaine, des scansions anciennes déchirent la nuit, le bruissement des chkachaks vient perturber les klaxons tandis que le guembri gronde en croquant la grande pomme… et le groupe Innov Gnawa sort son nouvel album, Lila !
Sur ce nouvel album dont le titre, Lila, peut assez facilement être traduit du marocain par la nuit, d’où nos allusions nocturnes, le groupe new-yorkais constitué d’expatriés marocains, et emmené par le Ma’alem (comprenez le maître) Hassan Ben Jaffar et son guembri formidable, ne lâche rien sur ses traditions, et continue de distiller dans la nuit américaine, en clair obscure, une musique de transe, gnawa pur jus ! Ainsi, avec ce nouvel album qui vient de paraître chez Daptone Records, on se laisse assez rapidement subjuguer par la musique répétitive jusqu’à l’ivresse, par l’assourdissant et entêtant jeu des chkachaks, ces petites cymbales à mains caractéristiques du son gnawa, tandis que le guembri de Ben Jaffar, et les psalmodies déclamées avec foi et reprises en chœur par le groupe, se chargent de guider la transe qui devrait normalement s’installer dans nos corps et nos esprits.
Oui, il n’est pas forcement nécessaire de résider aux abords du désert marocain pour sentir le souffle guérisseur de cette musique ancienne, même à New York, le gnawa trouve sa voie, et réussit à nous ménager de jolies nuits, de jolies Lila.
Innov Gnawa – Lila :
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