Sortir un album sous l’égide de la déesse grecque de la nuit personnifiée, mieux même, s’inscrire dans la parenté directe de celle-ci… il faut reconnaître que la démarche est plutôt ambitieuse ! Mais, après tout le musicien australien Tamil Rogeon a quelques arguments de poids pour nous convaincre du bien-fondé de son postulat, des arguments, musicaux bien sûr, qu’il développe en long et en large sur son alto (et pour développer autant d’arguments on est content que son alto soit un peu plus large qu’un violon !) et sur son dernier album le… du coup, bien nommé, Son of Nyx !
Et sur ce disque, on peut dire que Tamil Rogeon fait exploser la nuit à grand coup d’alto et de synthétiseur ; un ARP Odyssey qu’il échange volontiers avec les deux autres claviéristes présents sur le disque, Daniel Mougerman et Sam Keevers. Il cisaille, et pénètre, et tisse cette matière obscure avec brio, il entremêle les fibres nocturnes avec celles du jazz, et confie à une poignée de musicien de talents, les deux déjà cité, mais aussi Danny Fisher à la batterie, Javier Fredes aux percus, et Sam Anning à la contrebasse, toute la latitude pour nous faire claquer le rythme des doigts, pour nous faire hocher la tête en cadence, et nous arracher un petit ouais poli façon club de jazz contemporain… Et puis l’alto se fait insistant, les claviers s’échappent dans la nuit, et le claquement des doigts devient frénétique, le hochement de tête devient un headbang (et ouais une discipline pas seulement réservée à nos amis amateurs de métal), et le ouais poli contamine tous le corps, qui peine à rester en place, et à ne pas s’abandonner aux ténèbres faites jazz, à ne pas s’abandonner au doux grincement de l’alto de Tamil Rogeon, à ne pas s’abandonner au fil de la nuit, au Son of Nyx !
Tamil Rogeon – Son of Nyx :
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