Des synthés et Mujtaba Alseddig au chevet d’un Soudan dans la tourmente

Même si le sujet a été un peu éclipsé dans les principaux médias occidentaux par le concours de bites entre l’Iran et les Tout Puissants États-Unis d’Amérique, le Soudan et les Soudanais, eux, luttent toujours pour essayer d’obtenir leur petite bouffée d’oxygène et de liberté, malgré les militaires, malgré les islamistes, malgré les puissances étrangères à la manœuvre. C’est cette situation que le claviériste soudanais Mujtaba Alseddig et ses collègues d’Aswat Almadina, Mohamed Hamid au chant, et Mohammed Bairam à la guitare, s’emploient à dénoncer sur leur dernière chanson سته و يك | لا للتدخل الأجنبي, que l’on pourrait traduire par « Non à l’ingérence étrangère ».

Bien sûr, pour être complet sur la situation du Soudan, il faudrait revenir sur les coups d’État à répétition, puis sur les années de dictature de Omar el Bechir, il faudrait parler de la genèse de cette révolution surprise, sortie d’un sac de farine, ce basculement que personne n’a vu venir, cette révolution qui, aussi, a déjà fait trop de mort, et puis il faudrait parler de l’après Omar el Béchir, de la confiscation du pouvoir par une poignée de militaires inquiets de perdre leurs petits privilèges et leur trône en skaï brillant trop rembourré de mauvaise mousse, il faudrait dire aussi le courage, et l’espoir qui anime les Soudanais, qui les poussent à camper chaque jour devant le QG de l’armée, enfin, qui les poussaient, car depuis il y a eu le massacre du trois juin, où 128 personnes, militants pacifistes ou simples civils, sont morts sous les balles des militaires et des milices qui gravitent autour… il faudrait aussi mettre en lumière toutes les manœuvres des puissances étrangères au Soudan, bien sûr celle publique de l’Éthiopie qui cherche à assurer une médiation, mais aussi celles plus obscures menées par l’Égypte et l’Arabie Saoudite, par les frères musulmans et les États-Unis… ça en fait beaucoup des sujets sur lesquels il faudrait revenir pour espérer comprendre un peu la situation soudanaise. Mais, en fait, les percussions utilisées pour rythmer cette petite pastille audio et vidéo de Mujtaba Alseddig résument à elle seules et en deux sons cette situation actuelle du Soudan : un dé jeté dans un verre et un coup de savate sur un casque !

Dans cette chanson, au-delà de ces deux loops, Mohamed Hamid s’adresse en arabe et à grand renfort d’argot soudanais, directement aux militaires — il faut préciser que la chanson est sortie en mai et que le massacre du 3 juin n’avait pas encore eu lieu — en les appelant à céder le pouvoir aux civils, et il appelle aussi les puissances étrangères à laisser le peuple soudanais décider par lui même ce qui est bon pour lui.

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Mujtaba Alseddig, Mohamed Hamid, Mohammed Bairam – سته و يك | لا للتدخل الأجنبي :

Aswat Almadina – Logat Alshware :

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