After Migration, quand la haute couture d’Ikiré Jones devient militante

Si vous êtes un lecteur régulier de nos pages Mode, vous vous serez probablement rendu compte qu’il y a peut-être certains artistes que nous affectionnons plus que d’autres, et Walé Ojeyidé le créateur nigérian à la tête de la maison de couture Ikiré Jones fait parti de cela… comment pourrait-il en être autrement ; chacune des pièces de ses collections redouble de réflexion et de raffinement.

Car si l’esthétisme, et le souci du détail sont bien évidemment au cœur du travail de Walé Ojeyidé, la réflexion qu’il suscite est tout aussi importante ; on se souvient de sa sublime série de foulards The Untold Renaissance, qui recontextualisait l’homme noir dans l’art de la renaissance européenne, mais aussi du cheminement presque militant qui l’a amené à rendre hommage aux enfants africains disparus tragiquement dans les diverses crises récentes qu’a connues le continent, migration, maladies, terrorisme, avec sa précédente collection… & Other Stories By Our Stolen Children.

Aujourd’hui, Ikiré Jones prend domicile à Florence, l’une des capitales de la mode italienne, pour shooter et présenter sa nouvelle collection Automne/Hiver 16, After Migration. Une localisation pas anodine, pour présenter une collection une fois de plus engagé sur le thème de la migration. De nos jour, et surtout en Italie, il faudrait avoir l’esprit bien insensible pour ne pas être hanté par ses images de rafiots engloutissant dans leurs naufrages des dizaines, des centaines d’âmes tourmentées, de têtes émergeant des eaux, battant des mains tant bien que mal pour tenter de ne pas être avalé par la mortelle régularité des vagues, tressaillant dans un dernier sursaut vital à la recherche d’une terre ou échouer, d’une main à attraper…

Mais après le drame ? Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de ces nouveaux naufragés et rescapés ? C’est un peu la question que pose Walé Ojeyidé avec cette nouvelle collection. Alors, ne vous attendez pas à une réponse organisée comme une thèse universitaire ! Le créateur nigérian ne fait que s’exprimer avec ses mots, qui résonnent plus souvent comme le silencieux froissement d’une pièce de tissus, et un diaporama de photos signées Neil Watson, mettant en scène des mannequins africains — pas ces longues et exotiques silhouettes longiligne qu’affectionnent parfois certains créateurs occidentaux dans leurs décors, ni des envahisseurs au regard encore un peu perdu dans l’horreur que présentent parfois les médias, mais des hommes simples avec leurs rêves et leurs démons, leur singularité qui dépassent les clichés — entrecoupé de textes édifiants ; que je vous invite d’ailleurs à aller directement consulter l’intégralité de la collection After Migration sur le site internet de Ikirié Jones.

 

Ikiré Jones – Saison A/H 16 : After Migration :

 

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